[Chroniques Urbaines 2.0] COP 21 : des résultats prometteurs dans la lutte contre le changement climatique ?

Rédigé par

Laetitia Morere

2135 Dernière modification le 12/07/2018 - 10:27
 [Chroniques Urbaines 2.0] COP 21 : des résultats prometteurs dans la lutte contre le changement climatique ?

Comme nous nous en souvenons tous, la COP 21 a eu lieu en 2015 à Paris et a conduit à un accord historique entre 195 pays du monde : un objectif de limitation du réchauffement planétaire à moins de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels. Même si l'Accord n'est pas objectivement contraignant, cet objectif commun constitue un tournant dans la coopération mondiale contre le changement climatique. En effet, si les émissions de CO2 continuaient à augmenter au rythme de 2015, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) estime que la Terre aurait pu se réchauffer de 3,7° à 4,8°C d'ici 2100, avec les conséquences qui en découlent. Cependant, deux ans après l'Accord de Paris, les perspectives environnementales s'améliorent-elles ?

Deux ans après la COP 21 : des résultats mitigés

Selon le rapport annuel sur les écarts d'émissions publié en novembre 2017 par les Nations Unies, l'écart entre les réductions nécessaires et les engagements nationaux de Paris reste alarmant. Le rapport appelle à une accélération urgente des actions à court terme afin d'éviter que la trajectoire actuelle de la politique des 3°C ne se produise. Ce constat est confirmé par le Réseau Action Climat France. L'association française rapporte que sur les 1089 entreprises mondiales qui ont déclaré leurs émissions au Carbon Disclosure Project (CDP) en 2016, 1,4% seulement se sont fixé un objectif cohérent avec une trajectoire de 2°C.

Cette stagnation a été prouvée par la COP 23 en 2017 à Bonn, au cours de laquelle aucun accord sur un règlement mondial n'avait été atteint - le règlement indique comment les objectifs convenus à Paris seront atteints. Seules quelques décisions structurelles ont été prises, comme la création d'une coalition Powering Past Coal, qui regroupe 20 pays* dans le monde entier. Toutefois, ce groupe ne représente qu'une petite partie de la production et de la consommation mondiales de charbon et n'a donc que peu d'impact sur les perspectives d'avenir du charbon. Dans le même temps, peu de progrès ont été réalisés en ce qui concerne la détermination du financement consacré aux 47 pays les moins avancés (PMA).

En France, la COP 21 a eu un double impact : d'une part, l'accélération de l'agenda réglementaire qui a conduit à la loi de transition énergétique pour la croissance verte et, d'autre part, l'augmentation des préoccupations et des attentes de la société civile. Ainsi, les principales entreprises françaises ont mis en place un reporting climatique plus complet. Cependant, seules quelques-unes ont contextualisé leurs objectifs de réduction des émissions pour atteindre la trajectoire des 2°C : 29 entreprises françaises se sont engagées à fixer des objectifs scientifiques, et seules 8 d'entre elles ont déjà fixé des objectifs** à ce jour.

One Planet Summit : un tournant dans la gestion du changement climatique ?

Le Sommet One Planet, qui s'est tenu à Paris en décembre 2017, a été la première conférence internationale sur le changement climatique. Son objectif était d'assurer le financement pour atteindre l'objectif de la COP 21 de limiter le réchauffement de la planète en dessous de 2°C d'ici 2100. Son impact a été particulièrement salué pour les décisions concrètes prises lors du Sommet.

En effet, elle a débouché sur 12 engagements, que l'on peut résumer en deux catégories. Premièrement, la prévention et l'adaptation au changement climatique. Deuxièmement, la décarbonisation de l'économie, en mobilisant les banques locales, les banques centrales, les banques de développement ainsi que les fonds souverains et institutionnels. Les engagements sont prometteurs parce que la plupart d'entre eux renforcent la collaboration entre les secteurs public et privé, dont on a grandement besoin dans le contexte du changement climatique, et parce que la majorité d'entre eux ont fixé des objectifs quantitatifs.

Au niveau national, 91 entreprises françaises, représentant 1500 milliards d'euros de chiffre d'affaires, ont lancé l'Engagement français pour le climat des affaires. Ensemble, ils ont annoncé des investissements massifs pour passer à une société à faible émission de carbone, principalement par la R&D et le financement de projets.

Le rôle croissant de la finance internationale : tout une question d’argent !

Dans ce contexte, on constate l'émergence d'une relation plus étroite entre les actionnaires et les entreprises, fondée sur deux piliers :

  • Un activisme croissant des actionnaires face aux risques climatiques

La mise en place de l'initiative Climate100+, qui rassemble aujourd'hui 279 investisseurs mondiaux représentant 30 billions de dollars d'actifs (plus de dix fois le PIB de la France), a mis sous surveillance les 100 entreprises mondiales qui sont directement ou indirectement responsables de 80% des émissions mondiales de CO2. L'objectif pour les actionnaires est d'avoir une meilleure vision de leur exposition aux risques climatiques.

  • Les rapports sur le climat deviennent une pratique courante.

En mai 2018, plus de 250 organisations se sont engagées à donner suite aux recommandations du Groupe de travail sur la divulgation de l'information climatique (TCFD) - le groupe de travail du Conseil de stabilité financière du G20 - afin de fournir des rapports sur le climat. Cette approche volontaire est attendue par de nombreux investisseurs. En France, nous allons encore plus loin : l'article 173 de la loi de transition énergétique pour la croissance verte votée en 2015 impose aux plus gros investisseurs français d'établir un rapport sur la prise en compte du risque climatique dans leurs investissements.            

Bref, il est clair que la situation est critique. Comme l'Agence internationale de l'énergie l'a signalé, les émissions de carbone ont augmenté à l'échelle mondiale en 2017, pour la première fois depuis 2014. Les préoccupations soulevées par l'enlisement des négociations ont conduit à une conférence supplémentaire sur le changement climatique prévue pour septembre 2018 à Bangkok et censée livrer un livre de règles pour la prochaine COP 24 en décembre 2018.  Tel que matérialisé par le Sommet One Planet, l'implication de la finance internationale - privée et publique - changera la donne pour lutter contre le changement climatique et atteindre l'objectif global de 2°C. Finalement, tout semble tourner autour de la finance verte !

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*Tous les pays qui ont rejoint la coalition Powering Past Coal depuis sa création : Angola, Autriche, Belgique, Canada, Costa Rica, Danemark, Fiji, Finlande, France, Italie, Luxembourg, les îles Marshall, Mexique, les Pays-Bas, Niue, Nouvelle Zélande, Portugal, Royaume-Uni, Le Salvador, Suisse, tout comme les états de Washington, Alberta, Vancouver, Colombie-Britannique, Québec, and Ontario.

**Atos SA, Capgemini Group, Danone, Gecina, Kering, L’Oréal, Sopra Steria Group, Suez.

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