Béton, bois et verre pour l’internat de Chelles

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Editions Des Halles

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6447 Dernière modification le 16/12/2019 - 09:45
Béton, bois et verre pour l’internat de Chelles

La complexité du chantier de l’internat de Chelles (77) dépasse le cadre des contraintes réglementaires très strictes, elle s’exprime autant dans la conception architecturale que dans la conception-fabrication et conduite du chantier. L’architecte Pascale GUEDOT (équerre d’argent 2010) a fait le choix d’un parti pris rare et singulier, sa conception porte l’empreinte d’un design aux influences nord européennes, tenant plus du bâtiment de luxe que de l’internat fonctionnel, soit, un geste architectural d’ampleur.

En posant les yeux sur la façade de l’internat de Chelles, l’impression première est celle de lignes pures et d’une seule surface mêlant 3 matériaux, le béton, le bois et le verre, qui semblent se fondre. La façade en béton et les fenêtres constituent donc l’élément architectural principal du bâtiment. La partie pleine en mélèze et la partie vitrée, intégrées au béton, indiquent le code architectural qui joue sur une inversion. Ici, pas de garde-corps, puisque c’est le vitrage qui se fait garde-corps plein et entier, un vitrage fixe tout en hauteur et qui touche le sol, pour donner une impression de vide.

L’habillage des façades se compose de panneaux préfabriqués en béton architectonique de teinte gris clair et de bardage en bois de mélèze. Cette construction a nécessité une surface de menuiserie très conséquente à haute isolation thermique.
De l’extérieur, la façade porte une couleur béton brut et un veinage de coffrages de dimensions différentes, le tout rythmé par des bandeaux horizontaux filant tout autour, à chaque niveau. Entre béton et coffrages se déploient de petits poteaux béton (370 en vertical).
De l’intérieur, un ébrasement en bois vient encadrer la menuiserie et tout recouvrir.
Le tout, menuisé, présente donc le même aspect esthétique harmonieux : ventilations, stores, milliers de coffres étanches à dimension variée, tout est caché, au service d’une esthétique épurée. Cette épure esthétique relève pourtant d’un caractère complexe d’ouvrages composés, longuement conceptualisés en bureau d’études : un temps d’étude incompressible pour une finition parfaite et assurer une sécurité optimum des internes.
Ainsi, de l’intérieur, ne perçoit-on que la partie vitrée ou la partie qui s’ouvre, mais rien d’autre : tout le reste est dissimulé par du placo et aucun store n’est visible. Pour réaliser cette prouesse technique, il a fallu penser les menuiseries pour que les parties pleines ouvrantes et fixes se confondent. Dans ce cas précis, la partie ouvrante n’est pas la partie vitrée : les parties ouvrantes sont pleines et les parties vitrées sont fixes.
Panneau et découpe sont réalisés dans la même plaque, seul est perceptible le trait de la scie. La partie ouvrante (découpée dans le panneau) et le veinage s’alignent parfaitement pour que le tout paraisse plein et fixe. Tous les bois sont en mélèze naturel et l’ébrasement, de même teinte, vient récupérer le doublage. Au-dessus de cet ébrasement, le coffre (portant propriétés aérauliques) et la ventilation, sont cachés dans le doublage. De même, le store descendant devant la partie fixe côté intérieur, est rendu invisible.

Toute la difficulté posée au bureau d’étude de Lorillard était de cacher la complexité technique et de rendre invisible le savoir-faire : pas d’habillage ni champ plat, ajout de joints creux, placo rencontrant la menuiserie avec une infinie précision, construction spécifique de porte bois, couronnes ERP particulières, châssis coulissants sur mesure atteignant des dimensions de 10 mètres de long pour correspondre aux plans hors standard, conception de profils spécifiques et d’assemblage, création d’ouvrants pompiers plus larges avec des systèmes de poignée ouvrant dans les deux sens, et systèmes de libération instantanée des serrures en cas d’alarme incendie etc. …
Chaque pièce, de dimension différente, a été minutieusement pensée et dessinée en bureau d’étude, travaillée au millimètre près. Tous les éléments réalisés pour ce chantier s’avérant hors standard, le bureau d’étude a dû développer un système industriel spécifique pour l’approvisionnement et le montage dans la conduite des travaux.

 

Article publié sur BâtiJournal Architecture - ville durable
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