Audit énergétique réglementaire : ça démarre !

Rédigé par

Alexandre SEVENET

Président

2707 Dernière modification le 08/04/2015 - 14:18
Audit énergétique réglementaire : ça démarre !

Après de longs mois d’atermoiements, dans l’attente du décret finalement paru le 26 novembre, les entreprises concernées par l’audit énergétique réglementaire lancent la démarche.

Les ingénieurs éconergéticiens sont de plus en plus consultés ou rappelés par des clients conscients que la date du 5 décembre se rapproche à grands pas.

Combien d’entreprises concernées ?

On lit partout dans la presse le chiffre de 5000 entreprises. Je ne sais pas qui l’a écrit le premier, mais il est universellement repris.

Quelle est sa réalité ?  Un extrait du RCS donne 14 000 SIREN concernés par l’obligation d’audit énergétique. Mais ces SIREN concernent souvent la même entreprise. Même une « petite » société peut avoir 3 ou 4 SIREN différents, sans parler des 80 SIREN du groupe Total…

Un membre éminent du conseil d’administration me disait l’autre jour que les DREAL étaient perdues, incapables de savoir qui était concerné ou pas. Et de fait, nous avons été contactés par des clients ayant reçu un courrier de la préfecture alors qu’ils n’étaient pas dans la cible…

Chez Nepsen, par exemple, nous avons fait le travail de regrouper tous ces SIREN par groupe. Le nombre total de groupes concernés est plutôt de 4000. Mais parmi ceux-là, tous ne feront pas l’audit. Parce qu’ils en ont déjà fait, parce qu’ils sont dans une démarche de certification, parce qu’ils parient sur un délai supplémentaire octroyé par les préfectures…

On peut raisonnablement tabler sur 2000 « groupes » concernés cette année. Ce qui fait déjà un bon nombre d’audits à réaliser, à raison d’une dizaine de sites par groupe…

champ application norme AFNOR 16247Comment réagissent les entreprises ?

Une minorité considère cette contrainte comme une opportunité. Comme nous. C’est peut-être la seule loi dans ce pays qui force ses administrés à gagner de l’argent…

Dans ce cas, les responsables du projet audit énergétique sont souvent des opérationnels motivés, à qui la direction a fixé des objectifs ambitieux d’économies d’énergie.

Lorsque le chef de projet est un acheteur ou un responsable HSE, l’attente est plutôt la mise en conformité au moindre prix. On retrouve alors la ribambelle des sociétés de contrôle technique, qui font tourner des techniciens juniors avec des logiciels tout faits et se positionnent à la moitié du prix minimum raisonnable. La DREAL n’y verra peut-être que du feu, mais le rapport d’audit énergétique sera bon à laisser dans un tiroir. Et si jamais le travail de contrôle est fait correctement, le client recevra une belle mise en demeure de recommencer… Heureusement, il est peu crédible d’imaginer que la pénalité de 2% du CA soit appliquée sans plusieurs sommations préalables.

De fait, la norme laisse une grande liberté au niveau de qualité de l’audit. Si on se réfère au dispositif historique de l’Ademe, un audit énergétique réalisé façon « prédiagnostic », voire COE, pourrait tout à fait être validé par la préfecture pourvu qu’il respecte la trame globale et montre de beaux camemberts…

Ce qui ne pose pas spécifiquement de problèmes lorsque c’est fait par un auditeur confirmé devient dangereux dans d’autres mains..

De nombreuses voies d’optimisation financière sont possibles pour alléger le coût global de la mise en conformité sans pour autant sacrifier la qualité des audits.

Alexandre Sevenet

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