Résultats du programme TECHNAU: la recherche au service des défis techniques de l'agriculture urbaine

Rédigé par

guillaume Morel

3602 Dernière modification le 07/02/2019 - 15:00
Résultats du programme TECHNAU: la recherche au service des défis techniques de l'agriculture urbaine

En France et dans le monde on assiste à l’émergence de projets d’agriculture intra-urbaine à fort degré de technicité et d’innovation comme les projets en milieu fermé [1]. D’un autre côté, des projets plus low-tech, faisant notamment appel au recyclage des déchets, se développent en s’inscrivant ainsi dans le métabolisme de la ville via l’économie circulaire. TECHN’AU est un programme du Ministère de l’Agriculture (CASDAR Recherche et transfert[2]) et qui s’intéresse aux solutions innovantes pour lever certains verrous technologiques et garantir la qualité des produits de l’agriculture urbaine. Ce programme a pour objectif de répondre à des problématiques identifiées par les agriculteurs urbains professionnels :

-        Trouver les végétaux et les méthodes de production permettant d’offrir de bons rendements dans des situations urbaines à faible ensoleillement.

-        Intégrer la réutilisation de déchets urbains pour les substrats et la fertilisation dans les systèmes de production.

-        Analyser la perception sociétale de ces systèmes de production et de leurs produits.

 

Pour répondre à ces besoins, le programme s’est articulé en trois actions qui s’appuient sur des acteurs de la recherche : l’Institut Technique de l’Horticulture ASTREDHOR[3], l’UMR SADAPT AgroParisTech[4] mais aussi d’acteurs de l’agriculture urbaine professionnelle : Agricool[5], la Cité Maraîchère de Romainville[6], Terreau Ciel[7] et Le Paysan Urbain[8]. Entre 2017 et 2019, trois études menées parallèlement donnent lieu aujourd’hui à d’intéressants résultats pour la communauté de l’agriculture urbaine, et plus largement de la filière du végétal :

 

 - Etude de l’effet de l’accès à la lumière naturelle et de l’impact de l’ombrage sur la croissance et les rendements de végétaux utilisés en agriculture urbaine. En s’inspirant du projet de parc souterrain Low Line[9] à New-York, une quarantaine de variétés de plantes sont testés sous des taux d’ombrage différents. Des essais en lumière naturelle guidée par fibres optiques ont été mené. Les résultats montrent que l’impact de l’ombre, s’il est bien anticipé, peut ne pas nuire aux rendements pour certaines plantes. Une étude sur la mesure précise de la quantité de lumière quotidienne reçue est néanmoins à prendre en considération pour le choix des végétaux à cultiver pour chaque projet.

 

 

Fig. 2 : Capteur solaire avec 10 lentilles de Fresnel développé par la société Echy. Crédits ASTREDHOR STEPP.

 

- Etude de l’utilisation de déchets organiques et de la construction, d’origine urbaine et issus de l’économie circulaire au sein des systèmes de production, en substrat et en hydroponie. Certains mélanges de matériaux innovants, issus de la déconstruction comme le béton cellulaire ou des déchets de restauration, permettent de recréer un substrat aux qualités agronomiques similaires, voire supérieures, à celle d’un terreau horticole classique. Dans le cadre des essais en hydroponie verticale, basés sur les structures de la société Agripolis[10], l’usage de l’urine humaine comme fertilisant a aussi donné de bons résultats agronomiques.

 

Fig. 1 : Photographie du dispositif hydroponique vertical mis en place à la station de Saint Germain en Laye. Juillet 2018 - Crédit photo ASTREDHOR Seine-Manche

 

 

- Etude de la perception sociétale de l’agriculture urbaine. La perception des fermes urbaines et de leurs produits via des enquêtes sociologiques pose la question du « naturel » pour la majorité des consommateurs interrogés, notamment la production de fraises en conteneur comme celle proposée par la société Agricool. Cependant, l’analyse en laboratoire de ces fraises indique une qualité sensorielle et biochimique similaires à celle de fraises sur substrat en extérieur. D’un autre côté, l’analyse des perceptions par les acteurs de la construction de la ville montre qu’ils n’ont pas de définition partagée de l’agriculture urbaine, mais que plus généralement elle apporte un bénéfice sociétal reconnu.

 

 

Mots de conclusion de l’auteur :

 

Je suis persuadé que l’agriculture urbaine est un formidable outil pour offrir aux villes de demain plus de résilience et de lien avec le monde vivant. Avec TECHN’AU nous poursuivons concrètement cet idéal en aidant les agriculteurs urbains à faire face aux contraintes techniques de la production végétale en ville. Une meilleure compréhension sociologique des consommateurs et des « faiseurs de ville » permettra, je le souhaite, à l’agriculture urbaine de pleinement s’émanciper. Les résultats de ces deux ans de travaux de recherche seront divulgués le 22 mars 2019 au ministère de l’agriculture (entrée gratuite sur inscription : https://www.eventbrite.fr/e/inscription-restitution-du-projet-de-recherche-technau-53092727778) et une synthèse des résultats sera disponible dans les prochains jours en téléchargement libre: https://www.astredhor.fr/lever-les-freins-technologiques-de-l-agriculture-urbaine-techn-au-146744.html.



[1] Morel-Chevillet G. 2017. Agriculteurs urbains. Ed. France Agricole. 283 p. https://www.editions-france-agricole.fr/livres-et-ebooks/droit-et-gestion/agriculteurs-urbains.html

[2] https://agriculture.gouv.fr/developpement-agricole-et-rural-casdar

[3] www.astredhor.fr

[4] https://www6.versailles-grignon.inra.fr/sadapt

[5] https://agricool.co/

[6] http://www.ville-romainville.fr/1076-tour-maraichere.htm

[7] http://www.terreauciel.com/

[8] http://lepaysanurbain.fr/

[9] http://thelowline.org/

[10] http://agripolis.eu/

 

Nom de l’auteur :

Guillaume Morel-Chevillet.

Responsable Végétal Urbain à l’Institut Technique de l’Horticulture ASTREDHOR et auteur de l’ouvrage « Agriculteurs Urbains » aux éditions France Agricole, paru en septembre 2017. Lien : https://www.editions-france-agricole.fr/livres-et-ebooks/droit-et-gestion/agriculteurs-urbains.html

Liens web :

 

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crédit photo 2 : Photographie du dispositif hydroponique vertical mis en place à la station de Saint-Germain-en-Laye au 120718 - Crédit photo ASTREDHOR Seine-Manche

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