6 enseignements sur les biosourcés - le Hub des prescripteurs bas carbone a publié son brief biosourcés

Le Hub des prescripteurs bas carbone, lancé par l’Institut français pour la performance du bâtiment (Ifpeb) et Carbone 4, est une plateforme collaborative qui rassemble les donneurs d’ordre du secteur de la construction. En mars dernier, le Hub avait annoncé le lancement d’un brief sur les biosourcés, avec pour objectif de réaliser un état des lieux de la filière et d’étudier la place des biosourcés dans la construction à horizon 2030. Le résultat de ce travail a été publié, découvrez les six grands enseignements du brief !

 

Contexte : les matériaux biosourcés et la trajectoire SNBC

La trajectoire SNBC doit permettre à la France de réduire drastiquement ses émissions carbone, afin de limiter le changement climatique. Elle fixe notamment comme objectif de diviser par 6 nos émissions d’ici 2050. Le secteur du bâtiment, très émetteur de carbone, peut compter sur les matériaux biosourcés pour s’inscrire dans cette trajectoire.

Le brief biosourcé réalisé par le Hub donne l’occasion de se rendre compte du chemin parcouru (et celui encore à parcourir) par la filière bas carbone. Il présente également les leviers à activer pour favoriser le développement de cette filière et ainsi respecter les ambitions de la SNBC. Si nous voulons atteindre les objectifs de la trajectoire, il faut à la fois miser sur une réduction massive des émissions et sur l’augmentation des puits de carbone. D’après les études du Hub, pour s’inscrire dans la SNBC :

  • Les volumes des produits bois devront augmenter d’environ 60% à l’horizon 2030 et être multipliés par 2,5 à l’horizon 2050 par rapport à 2015.
  • Les logements collectifs et bureaux construit en 2030 devront stocker en moyenne entre 60 et 70 kgCO2e par m2.

 

1. Les pratiques du secteur se transforment

L’état des lieux de la filière réalisé par le Hub révèle que l’industrie de la construction commence à peine à laisser place à quelques matériaux biosourcés. Le bois arrive en tête, avec environ 8% des parts du marché de la construction en France. Cependant, pour intégrer pleinement les biosourcés à horizon 2030, l’ensemble de la chaîne de valeur va devoir apprendre à concevoir, réaliser et exploiter différemment. Pour cela, il est important de ne pas opposer les matériaux, mais plutôt de viser des performances à la fois techniques, bas carbone et économiques, au travers une mixité de solutions.

 

2. Les biosourcés sont un réel atout pour le bas carbone

Remplacer les matériaux traditionnels par des matériaux bas carbone permet un gain significatif du poids carbone, par effet de substitution (sans prise en compte de la séquestration, et de la méthode dynamique). Selon les comparaisons statistiques effectuées par le Hub, le recours aux biosourcés diminuerait ainsi jusqu’à 60% de l’impact carbone pour un grand nombre de produits (cloisonnement, bardages, fenêtres, portes, revêtements de sols durs, revêtements muraux, planchers, isolants, etc.). Cependant, utiliser les biosourcés demande une certaine adaptation au niveau opérationnel : enjeux de coût, de disponibilité, d’assurabilité, de caractéristiques techniques, etc.

 

3. Les applications sont multiples mais les niveaux de maturité variables

La filière générale des biosourcés se décline en plusieurs filières variées. Chacune a ses propres acteurs, ainsi qu’un niveau de maturité et de structuration différents. Les quatre segments des biosourcés les plus développés sont les isolants biosourcés, le bois, le béton et mortier, ainsi que la paille.

De plus en plus de produits et procédés biosourcés sont soumis à un cadrage d’application, ce qui permet d’obtenir l’assentiment des assureurs et d’alléger les procédures de validation. A l’inverse, les opérations réalisées hors cadrage sont soumises à des processus de validation plus longs et plus coûteux.

 

4. La performance de l’effet puits de carbone des biosourcés est conditionnée par certains paramètres

La séquestration temporaire de carbone est un atout majeur des matériaux biosourcés face aux autres matériaux. Par exemple, le bois stocke environ 1 tCO2e/m3. C’est l’une des raisons pour lesquelles la RE 2020 et la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) mettent en avant le bois et les matériaux biosourcés. D’après une étude menée par le Hub sur des logements collectifs et bureaux, un bâtiment qui s’inscrit dans une trajectoire SNBC stockera en 2030 en moyenne entre 60 et 70 kgCO2e par m² construit.

Cependant, le bénéfice de cette séquestration à l’échelle de la France va dépendre de plusieurs paramètres. La gestion durable de la ressource, la préservation des sols et écosystèmes, l’augmentation de la durée de vie des matériaux biosourcés ou encore la fin de vie vertueuse et le chainage des usages (priorité au recyclage avant la valorisation énergétique, etc.) sont autant de critères qui permettent d’améliorer l’effet puits de carbone des matériaux biosourcés.

 

5. Des ressources sont disponibles sur le territoire français, il faut soutenir leur développement

La France dispose essentiellement de deux types de matériaux biosourcés : le bois et les plantes à fibre. En effet, c’est le premier producteur de plantes à fibre (comme le chanvre) et la troisième ressource forestière d’Europe.

Les fibres végétales sont surtout utilisées dans la réalisation d’isolants, mais aussi pour du béton alternatif. La disponibilité de cette ressource ainsi que l’état de semi-industrialisation (voire d’industrialisation selon les plantes) des filières concernées permettront de répondre à la hausse de la demande dans les années à venir, à condition que les acteurs continuent à se structurer et à soutenir ce développement.

Le bois français est déjà bien exploité dans le secteur du bâtiment. En effet, 63% du bois utilisé dans ce secteur provient de forêts françaises. Aujourd’hui, le bois représente 8% des parts de marché dans la construction en France. La filière forêt-bois souhaite atteindre 20 à 30 % des parts d'ici à 2030. Pour respecter cet objectif, il est nécessaire d’optimiser l’articulation entre les différents acteurs de la chaine de valeur de la transformation afin de garantir l’approvisionnement dans tout le pays. Afin de faire face à la hausse de la demande à venir en bois, le Hub conseille de se tourner vers le bois feuillu, en complément du bois résineux.

 

6. Il est nécessaire d’intégrer de nouvelles pratiques pour optimiser les coûts

Les coûts liés à l’usage des biosourcés peuvent être très variés selon les typologies de bâtiment (leur forme, leur taille, etc.). Pour les maisons individuelles, le Hub n’a pas identifié de tendance de surcoûts. En revanche, les surcoûts dans le logement collectif peuvent atteindre 5 à 10 %, voire jusqu’à 15% à 20% selon la hauteur du bâtiment, comparé à l’usage de matériaux traditionnels. Il est donc important de bien connaître les spécificités de chaque matériau biosourcé afin d’optimiser leur utilisation et par la même occasion les coûts associés. Il s’agit de mettre le bon matériau au bon endroit.

Pour ce faire, la formation des acteurs apparaît comme un levier central, et ce à tous les niveaux, du maître d’ouvrage à l’entreprise, en passant par les bureaux d’études, les architectes, etc. Plus les acteurs assimileront les nouvelles pratiques, plus la filière sera compétitive.

 

Télécharger la synthèse du brief biosourcés 
(Version intégrale réservée aux membres du hub)

Consulter le book innovations biosourcés

 

Rendez-vous le mardi 29 juin 14h30 à 16H30 pour un webinar de restitiution ! Inscriptions

 

Pour aller plus loin :

En savoir plus sur le hub des prescripteurs bas carbone.

Découvrir le brief précédent dédié au béton.

Dossier Construction21 « Construction et matériaux biosourcés »

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