MaPrimeAdapt’ : un nouveau pas vers un logement plus vertueux et évolutif

Rédigé par

La rédaction C21

1381 France - Dernière modification le 23/05/2023 - 11:42
MaPrimeAdapt’ : un nouveau pas vers un logement plus vertueux et évolutif

Dans la foulée de MaPrimeRénov’, aide à la rénovation énergétique accessible à tous les propriétaires, MaPrimeAdapt’ s’apprête à enrichir le catalogue des aides financières destinées aux seniors. Un dispositif qui plaide en faveur du maintien à domicile le plus longtemps possible, une réduction drastique des accidents domestiques, et plus globalement, pour un logement plus vertueux et adapté aux nouveaux besoins. 


Prévu pour janvier 2024, ce nouveau dispositif piloté par l’Agence nationale de l’habitat (Anah) vise à améliorer le logement des personnes âgées soucieuses de s’ancrer le plus longtemps possible à domicile, et ainsi répondre aux nouveaux besoins liés à la perte d’autonomie et de mobilité. Ce coup de pouce, qui concerne près de 700 000 logements français à terme – soit une estimation de 70 000 habitations par an jusqu’en 2032 – a pour objectif ultime de rationaliser les coûts en favorisant le maintien à domicile amélioré plutôt que le placement coûteux en hébergement spécialisé de type Ehpad. 

Une démarche préventive vs curative 

Réservée aux propriétaires occupants de plus de 70 ans, soumise à certains critères (revenus modestes et très modestes) et diagnostic, cette prime fait partie des mesures gouvernementales comprises dans le plan « anti-chute » qui ambitionne de réduire de 20 % le nombre d’accidents chez les seniors d’ici 2025. Les travaux de sécurisation et d’ergonomie peuvent aussi bien concerner l’aménagement d’une pièce pour permettre la circulation d’un fauteuil roulant, l’adaptation des escaliers, d’une salle de bain, des toilettes…, autant de solutions identifiées pour corriger le tir (1), et qui s’inscrivent aussi plus largement dans une approche de la filière de la silver économie plus préventive, dans tous les domaines d’activité de la cité concernés par le vieillissement. 

« Aller de la curation à la prévention consiste à passer d’un modèle uniquement médico-social vers un modèle plus global, explique Mathieu Alapetite, directeur général de l’association France Silver Eco, qui fédère et anime les acteurs publics et privés de la silver économie. Logements, villes, transports, toutes infrastructures et tous services convergeant dans cet écosystème sont impliqués dans cette démarche de prévention à la perte d’autonomie et du « bien vieillir. » 

Aides aux seniors : simplifier l’accès, prévenir les risques 

Embarquer tout le monde dans ce changement de paradigme exige toutefois d’y être encouragé : si le montant de la prime MaPrimeAdapt’ n’est pas encore arbitré (un financement de près de 70 % pour les plus gros chantiers est toutefois évoqué), la simplification du panel d’aides proposé, et donc une plus grande adhésion des publics concernés, est une priorité. « L’idée de MaPrimeAdapt’ est de rassembler l’ensemble des offres existantes sous une même bannière, une plateforme unique pour améliorer la visibilité des aides, simplifier l’enjeu des opérateurs et réduire le délai de traitement pour éviter le phénomène de renoncement d’adapter et rénover son logement », précise Mathieu Alapetite. Eviter la curation (réparation/rénovation d’urgence), favoriser l’anticipation… : la plateforme devrait être opérationnelle en septembre prochain. 

Si l’offre se veut plus lisible, l’accompagnement de cette population potentiellement fragile est également au cœur des enjeux, pour éviter notamment les écueils qui ont entaché le succès de MaPrimeRenov’, favorisant l’apparition d’éco-délinquants. Si le dispositif avait fait l’objet de la part de l’Anah d’une campagne de communication pour sensibiliser les ménages aux fraudes, un volet d’accompagnement et d’assistance à maîtrise d’ouvrage sera cette fois au programme de la nouvelle aide. « Non seulement pour faire sorte que les travaux soient bien adaptés à la situation des personnes, en complément de l’intervention d’un ergothérapeute par exemple, mais également pour prévenir et corriger les risques inhérents. Un comité de suivi quali/quanti est à ce titre prévu par le ministère », conclut Mathieu Alapetite. Objet de nombreux débats et d’une attente forte, la labellisation des professionnels est entendue mais pas encore à l’ordre du jour. Pour l’heure, l’objectif est de s’appuyer sur les assistances à maîtrise d’ouvrage (AMO) qui maillent l’ensemble du territoire, et d’une promotion engagée par les pouvoirs publics et les acteurs de la silver économie. 

Une politique d’adaptation aux multiples bénéfices 

En marge de la préparation MaPrimeAdapt’, France Silver Eco a également réalisé une étude sur l’impact économique d’une politique d’adaptation massive des logements au vieillissement, la population seniors étant actuellement en passe de s’élever à plus de 20 millions de personnes. « Cela conduit à devoir envisager d’adapter plusieurs millions de logements au vieillissement d’ici à 2033 et de concevoir une politique globale visant l’ensemble des habitats seniors, au-delà même de ceux éligibles aux dispositifs d’aide publics », note l’association. 

Pour lever les freins psychologiques (tabou au vieillissement) et encourager les seniors à l’action, des campagnes de communication apparaissent ainsi nécessaires, au sein desquels les collectivités auront un « rôle essentiel à jouer, notamment dans l’articulation de MaPrimeAdapt’ avec les aides locales complémentaires »

Sur la période 2024-2033, « une stabilité budgétaire pourrait être obtenue avec d’un coté 6,2 milliards de coûts induits par la politique d’adaptation des logements mais en parallèle, 6,3 milliards de coûts évités (dépenses de protection sociale, de prises en charge en établissement…) et de recettes additionnelles (TVA, création d’emplois, baisse des accidents de travail…). »

L’étude démontre par ailleurs une consolidation de cet équilibre, par l’équation : « 1 logement adapté via MaPrimeAdapt’ entraine de facto 1,4 logement adapté sans MaPrimeAdapt’ ».

Un progrès social et économique

Enfin, la politique d’adaptation du logement au vieillissement doit produire de multiples bénéfices sociétaux et économiques ainsi que des externalités positives importantes. Parmi elles, on observe : une amélioration de l’espérance de vie en bonne santé et de la qualité de vie de la personne âgée à domicile (réduction de 20 % des chutes dans les logements adaptés, par ex.) ; un impact encourageant au profit des métiers d’assistance à domicile et des aidants familiaux – la prise en charge de proches en état de dépendance mobilise aujourd’hui 16 % des salariés en France – et enfin d’importants progrès en matière de sobriété énergétique par la réalisation de travaux efficaces de rénovations dans l’habitat.

Pour en savoir plus, le Club de l’amélioration de l’habitat (CAH) partagera les résultats de cette étude lors son Assemblée Générale du 19 juin, lors du salon RenoDays les 12 et 13 septembre et au Colloque Habitat, Santé, Confort le 14 novembre.

Crédit photo : https://fr.depositphotos.com

Un article rédigé par Stéphanie Santerre (Construction21).

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