Amorcer une démarche Écologie Industrielle et Territoriale efficace

2331 France - Dernière modification le 27/03/2023 - 10:01
Amorcer une démarche Écologie Industrielle et Territoriale efficace


Depuis quelques années, les démarches d’Écologie Industrielle et Territoriale (EIT) se développent fortement en raison des avantages environnementaux, économiques et sociaux qu’elle offre aux entreprises et collectivités. Cette approche innovante vise à optimiser les flux entrants (ressources) et les flux sortants (déchets) à l’échelle du territoire afin de réduire les impacts négatifs des activités humaines sur l’environnement. Elle est, à ce titre, l’un des sept piliers de l’économie circulaire définis par l’ADEME.

Toutefois, pour pérenniser une telle stratégie, il est important de l’amorcer correctement. Un challenge qui peut sembler particulièrement difficile à relever pour les entreprises et les collectivités encore novices dans le domaine.

Cet article fait un tour d’horizon sur la notion d’EIT et vous explique comment démarrer une démarche d’Écologie Industrielle et Territoriale durable et efficace.

Qu’est-ce que l’Écologie Industrielle et Territoriale ?

Pour répondre aux enjeux du développement durable, l’Écologie Industrielle et Territoriale s’inspire du fonctionnement des écosystèmes naturels dans lesquels « rien ne se perd, tout se transforme ». Cette gestion optimisée des flux suppose une organisation interentreprises qui s’appuie sur l’échange volontaire de ressources et la mise en œuvre de synergies entre les acteurs économiques du territoire (entreprises, agriculteurs, associations, collectivités…).

Ces synergies sont de deux types :

  • Les synergies de substitution: les déchets ou co-produits d’une activité deviennent une ressource pour une autre activité. Exemple : l’énergie consommée par un site provient de la chaleur fatale d’un site voisin.
  • Les synergies de mutualisation: les ressources matérielles et immatérielles disponibles (infrastructure, équipement, expertise, service, déchet, matière, énergie…) sont mises en commun. Exemple : partage de locaux ou de machines, achat groupé d’énergie.

Démarches d’EIT : quels avantages pour les entreprises et les collectivités ?

Pour les entreprises et les collectivités, les avantages de l’Écologie Industrielle et Territoriale sont multiples :

  • Réduction de l’impact environnemental : préservation des ressources, valorisation des déchets, réduction des émissions de gaz à effet de serre.
  • Économies d’échelle: achats groupés, collecte de déchets mutualisée, coût de transport et de traitement des déchets réduits.
  • Compétitivité: partenariats, échanges, mutualisations et innovations.
  • Attractivité: offre de services, complémentarités.
  • Nouvelles activités économiques et opportunités de marchés : valorisation des sous-produits, développement de produits innovants, de filières ou de services…
  • Ancrage des activités et de l’emploi dans les territoires.

Une telle approche réconcilie ainsi développement économique et préservation de l’environnement.

Écologie Industrielle et Territoriale : où en est-on ?

Dans leur état des lieux de l’EIT en France, ORÉE et l’ADEME constatent qu’au moins 50 % des démarches ont permis aux entreprises de développer de nouvelles opportunités de marchés. Pourtant, leur pérennité reste encore fragile : 16 % seulement ont atteint des stades de maturité avancés et 92 % de leur budget total est encore assuré par des financements publics.

L’association ORÉE et l’ADEME recommandent ainsi « un accompagnement des structures économiques pour l’intégration de cette stratégie dans leurs pratiques ».

Les principaux obstacles à surmonter pour bien amorcer son approche EIT

Les freins à lever sont de différentes natures :

  • Organisationnels: mise en place des échanges, articulation des rôles de chacun, arbitrage entre des intérêts éventuellement divergents…
  • Techniques : collecte et transformation des flux de matière et d’énergie…
  • Humains: mobilisation des acteurs publics et privés (entreprises, élus, collectivités…)
  • Financiers: dépendance aux subventions, diversification des sources de revenus…
  • Règlementaires: nature des produits échangés, sortie du statut de déchet, contractualisation autour des achats mutualisés…

Les 7 étapes clés d’une démarche d’Écologie Industrielle et Territoriale


 

Initier sa démarche d’Écologie Industrielle et Territoriale :

  • Dresser un état des lieux territorial (enjeux et caractéristiques du territoire, acteurs potentiels, filières à enjeux…), notamment en lançant une étude de préfiguration qui peut être co-financée par l’ADEME.
  • Constituer la gouvernance et la stratégie à partir de cet état des lieux en définissant le périmètre stratégique du dispositif (objectifs partagés par l’ensemble des parties prenantes, rôle de chacun, validation du cadre règlementaire…).

Lancer sa démarche d’Écologie Industrielle et Territoriale :

  • Créer un poste d’animation EIT : l’animateur EIT a un rôle clé Ses actions permettent en effet de mobiliser les différents acteurs, de les faire se rencontrer, de faire émerger des synergies ou encore de maintenir la dynamique engagée. Ce poste peut être co-financé sur fonds publics (ADEME, Régions, collectivités locales…) pour une durée de trois ans.
  • Concrétiser rapidement les synergies et les mutualisations afin de maintenir la dynamique. Les multiples évènements (ateliers interentreprises, groupes de travail thématiques, visites d’entreprises…) organisés et animés par l’animateur renforcent la coopération entre les différents acteurs économiques.

Pérenniser sa démarche d’Écologie Industrielle et Territoriale :

  • Bâtir un modèle économique aux sources diversifiées: diversifier les sources de financement privé (cotisations adhérents, services et prestations, sponsoring…) et public (subventions de fonctionnement, financements « projets »…) afin de tendre vers l’autonomisation de son modèle économique à l’issue du délai de financement du poste d’animation EIT.
  • Évaluer et améliorer : le référentiel ELIPSE, piloté par ORÉE avec le soutien du ministère de la Transition écologique, est un outil d’auto-évaluation des performances de sa démarche. Il offre un panel d’une trentaine d’indicateurs qui permettent d’en analyser les freins et les opportunités.
  • Élargir et diffuser : mobiliser de nouvelles entreprises, partenaires (agriculteurs, par exemple) et territoires afin de faire évoluer et d’enrichir sa démarche d’Écologie Industrielle et Territoriale.

Deux exemples d’initiatives en Écologie Industrielle et territoriale : Lyon et Dunkerque

La Vallée de la Chimie à Lyon
La Vallée de la Chimie, c’est plus de 50 000 salariés, 2 500 chercheurs (1/3 de la recherche française en chimie), 1 000 brevets et 100 M€ d’investissements publics et privés par an, 235 000 MWh injectés chaque année dans le réseau de chaleur urbain. Elle est ainsi à la fois la première agglomération industrielle de France (après l’Île-de-France) et un laboratoire exemplaire de la Cleantech qui ne cesse de se développer et d’attirer investisseurs et industries innovantes.

Le Port de Dunkerque
Alors qu’elle était sur le déclin, la ville de Dunkerque entre aujourd’hui dans une nouvelle ère industrielle en amorçant son approche Écologie Industrielle et Territoriale. Lauréate de l’appel à projets ZIBAC, la zone industrialo-portuaire accueillera la gigafactory Verkor (développement de batteries bas-carbone) dans le courant de l’année 2024. Un projet « d’autoroute de la chaleur » doit également voir le jour à l’horizon 2025, confortant la ville dans sa position de pionnière dans le domaine (plus gros réseau de récupération de chaleur fatale de France).

Des accompagnements précieux dans votre démarche d’Écologie Industrielle et Territoriale

L’amorçage réussi d’une approche d’EIT est crucial pour maximiser les avantages environnementaux, économiques et sociaux de cette approche. En levant les freins et en procédant par étapes, les entreprises et les collectivités locales peuvent mettre en place des stratégies durables et efficaces.

Pour vous aider dans votre démarche, le réseau SYNAPSE, l’ADEME, les CCI, le CGDD (Commissariat Général au Développement Durable) ou encore la DGE (Direction Générale des Entreprises) sont de précieux atouts.

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Modérateur

Grégoire Brethomé - Construction21

Responsable éditorial