Du photovoltaïque en autoconsommation collective pour alimenter le réseau de chaleur et de froid de Paris-Saclay

Du photovoltaïque en autoconsommation collective pour alimenter le réseau de chaleur et de froid de Paris-Saclay

Le réseau de chaleur et de froid du pôle scientifique et technologique de Paris-Saclay, livré en 2019, est un des sites pilotes du projet européen D2Grids. Ce réseau de chaleur et de froid dit “de cinquième génération” (5GDHC) doit permettre de répondre à de nombreux enjeux de la transition énergétique : autonomie énergétique, consommation d’énergie renouvelable et locale, décarbonation des réseaux, etc. Il recouvre un territoire de 28 communes dans le sud-ouest de l'Île-de-France.

Le bailleur social SEQENS a récemment rejoint D2Grids avec un projet de production photovoltaïque en autoconsommation collective, dont la part non consommée par ses bâtiments sera cédée au réseau. Les bâtiments concernés seront raccordés à horizon 2024 au réseau de chaleur et de froid de Paris-Saclay. Rencontre avec Mawya Rahal, cheffe de projet énergie à l’Etablissement Public d’Aménagement de Paris-Saclay (EPAPS), et Lucas Lazzarini, ingénieur énergéticien à SEQENS.

Pouvez-vous nous présenter le réseau de chaleur et de froid de Paris-Saclay ?

Mawya Rahal : Afin de bien comprendre ce réseau, il faut se pencher sur le contexte de l’opération. En effet, il s’inscrit dans le cadre de l’aménagement de Paris-Saclay, qui répond à une Opération d’Intérêt National (OIN). L'objectif est de développer le pôle (ou cluster) scientifique et technologique de Paris-Saclay autour d'une stratégie ambitieuse de Développement durable et de responsabilité sociétale, portée par l'EPAPS. Cela implique notamment la mise en œuvre d'un approvisionnement énergétique performant et vertueux pour répondre aux besoins des bâtiments existants et en construction.

Nous avons ainsi souhaité mettre en place un système le plus vertueux possible, basé sur les énergies renouvelables : le réseau de chaleur et de froid de cinquième génération. Ce réseau se base sur une boucle tempérée, alimentée en géothermie grâce à des puits captant les calories de la nappe de l'Albien à 700m de profondeur. Il est complété par un appoint en gaz qui prend le relais lors des pics de consommation, notamment l’hiver. Nous cherchons actuellement à développer d’autres sources d’énergies renouvelables pour se passer du gaz.

En 2016, nous avons raccordé les premiers bâtiments du Plateau de Paris-Saclay au réseau de chaleur. A terme, nous souhaitons raccorder environ 2 millions de m² de surface, soit 50 mégawatts de puissance de chaud et de froid. Aujourd’hui, nous avons environ 646 000 m² de logements raccordés, auxquels s'ajoutent des écoles et des bâtiments publics.

Consulter l’étude de cas du réseau de chaleur et de froid de Paris-Saclay sur Construction21.

Pourquoi l’EPAPS a intégré le projet européen D2Grids ?

Mawya Rahal : L’EPAPS a intégré D2Grids en 2019, lors de la livraison du réseau. L’objectif était d’accélérer notre travail et de renforcer nos ambitions. Nous avons par exemple mis en place un démonstrateur de gestion avancée de la demande thermique, que nous n’aurions pas forcément réalisés sans D2Grids. De plus, ce projet européen offre l’occasion d’échanger avec de nombreux autres partenaires, de rencontrer des acteurs de l’énergie, de partager les retours d’expériences, etc. C’est donc un grand atout pour le développement de notre réseau de chaleur et de froid.

Le bailleur SEQENS a rejoint le réseau lors de l’extension du projet D2Grids. Pourquoi ce choix ?

Lucas Lazzarini : En juin 2020, SEQENS a remporté la réalisation de trois lots sur la ZAC de Moulon, sur la commune de Gif-sur-Yvette, qui comprennent 130 logements sociaux et 51 logements en accession sociale, qui seront alimentés pour les besoins de chauffage et d’ECS par le réseau de chaleur. Une des exigences centrales était l’installation de panneaux photovoltaïques sur 30% des toitures (cet objectif concerne d’ailleurs tout le site de Paris-Saclay). Nous avons fait le choix de dédier en priorité la production photovoltaïque pour les parties communes de nos bâtiments. Cependant, nous avons constaté lors des études des excédents de production à certains moments. En concertation avec notre AMO Greenflex et l’EPA Paris-Saclay, nous avons identifié la possibilité de vendre l’électricité non consommée par nos bâtiments pour les besoins des équipements du réseau de chaleur et de froid de la ZAC. 

D2Grids nous a permis de bénéficier d’un accompagnement supplémentaire sur un sujet assez complexe. Ce projet implique de nouvelles manières de travailler pour nos équipes, notamment au niveau administratif et juridique. D2Grids a facilité les démarches ainsi que la réalisation de retours d’expériences. Le projet n’aurait pas eu la même ambition sans cela.

Comprendre l'extension du projet D2Grids !

En savoir plus sur le projet de SEQENS.

Qu’a permis la coopération SEQENS / EPA Paris-Saclay pour le développement du réseau de chaleur et de froid ?

Lucas Lazzarini : Il y a un réel intérêt mutuel sur la question du prix de l’énergie. Grâce à notre coopération, nos locataires feront une économie sur les charges d’électricité des parties commune. Nous avons mis en place un tarif de vente du surplus énergétique également intéressant pour nous, nous permettant d’amortir notre installation et compétitif pour le réseau de chaleur et de froid. De plus, les prix fixés sont stables ce qui est particulièrement avantageux dans le contexte actuel de flambée des prix de l’énergie et permet de se projeter sur le long terme.

Mawya Rahal : Je confirme que notre coopération permet d’envisager plus sereinement la généralisation du déploiement photovoltaïque sur les toitures des bâtiments du campus, ainsi que l'autoconsommation de l'électricité produite. Elle s’inscrit dans une stratégie plus globale de déploiement du photovoltaïque sur tout le site, dans le cadre de notre démarche de territoire à énergie positive. Ce travail que nous menons avec SEQENS sur les trois lots concernés fait donc office d’expérimentation pour ce futur déploiement. Nous sommes actuellement dans une phase d’état des lieux : nous observons ce qu’il est possible de faire, le potentiel énergétique, etc. De plus, notre coopération nous permet de travailler ensemble sur un montage juridique et administratif adéquat autour de l’autoconsommation.

Vous avez retenu l’autoconsommation collective comme montage juridique. Pourquoi ce choix ? Peut-il s’appliquer à d’autres opérations du même type ?

Lucas Lazzarini : Le type de montage retenu ici est l’autoconsommation collective. Contrairement à l'autoconsommation individuelle, il y a plusieurs utilisateurs de l’électricité produite: les parties communes des bâtiments de SEQENS, ainsi que les équipements du réseau de chaleur et de froid. Généralement, SEQENS favorise soit la revente totale de sa production à EDF, soit l’autoconsommation individuelle avec revente du surplus à EDF. Cela permet d’éviter certaines complexités administratives et juridiques et de s’affranchir de l’incertitude sur la production réelle d’électricité. L’autoconsommation collective présente des complexités pour définir la répartition de la production et les modalités de facturation. Cependant, le fait d'être dans un projet à grande échelle permet d’avoir plus de temps pour les traiter et pour réaliser une étude de production réelle.

L’expérimentation menée ici a vocation à être reproduite. En tant qu’acteur majeur du logement social en Ile-de-France, SEQENS souhaite développer des solutions de décarbonation de son parc. Nous allons donc pouvoir nous inspirer en interne de notre travail sur le réseau de chaleur et de froid de Paris-Saclay. De plus, nous allons pouvoir émettre des prescriptions juridiques et administratives à destination de tout autre propriétaire, bailleur ou non, souhaitant valoriser une production photovoltaïque en toiture. Les premiers retours d’expérience, tournés vers les défis administratifs, devraient arriver d'ici la fin de l’année 2022. Les retours techniques, pour leur part, seront livrés après la fin du projet D2Grids.

En savoir plus sur le modèle juridique retenu.


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paul.capgras[a]construction21.fr

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Rédigé par

D2Grids Project

Modérateur

Paul Capgras