Un MOOC se définit comme un investissement initial puis de plusieurs rediffusions nécessitant un financement de fonctionnement. Avant de se lancer, il faut construire une équipe avec un chef de projet qui pourra mettre en musique le programme : c’est la clé du succès.  

Production et animation

Il faut clairement faire la différence entre l’investissement initial et la diffusion du MOOC. Les grandes masses donnent une bonne idée de la clé de répartition. Certaines variables modifient cette clé de répartition.

La production comprend la gestion de projet, l’ingénierie pédagogique, la production des ressources pédagogiques (texte, prise vidéo et montage, etc.) et l’intégration des modules dans la plateforme de diffusion.  À cela il est nécessaire de prévoir une phase de béta-test ainsi que développement des contenus de communication. Bref, c’est la grosse partie du budget.

Deux approches possibles :

• Soit la production est réalisée par les équipes internes. Cela nécessite d’avoir les compétences et le matériel. Ce type de projet est un bon moyen pour un organisme de formation de réaliser sa transition numérique. Il n'y a fondamentalement pas de différence entre un cours MOOc et un cours LMS/e-leanring  sauf l'exigence de qualité et un usage important de la vidéo. Le côté massif ne pardonne pas les erreurs de qualité.
• Soit la production est réalisée par un prestataire. Il existe une dizaine de startup qui produisent et diffusent des MOOC en France. Les agences de e-learning peuvent également être de bons partenaires. L’avantage, les équipes sont professionnelles et les risques de dérapages (financier et temps de production) sont faibles. La qualité devrait être au rendez-vous.  

Dans tous les cas, cette partie du budget est facilement maîtrisable, en mode projet. Le budget de production d’un MOOC oscille entre 40 et 100 K euros, dont quelques milliers d'euros liés à l’intégration dans la plateforme.

La maîtrise de la production vidéo permet de baisser les coûts. Un conseil, participez à plusieurs MOOC en tant qu’apprenant, mettez en place une équipe pluridisciplinaire, à l’aise avec les usages numériques et plutôt innovante en matière d’ingénierie pédagogique.

Il est indispensable de tester un projet et des idées avec les futurs participants. Dialoguer avec la communauté visée peut être un bon moyen de valider un parcours ou des activités. Il existe des dizaines de communautés spécialisées sur les réseaux professionnels : Construction21, Linkedin etc. Il faut en profiter ! C’est également un excellent moyen de trouver des partenaires.  

Enfin, un MOOC se termine par un bilan. Souvent oublié, il est pourtant fondamental pour lister les points à améliorer pour la prochaine session. D’autre part, l’analyse des data permet de dresser un portrait des utilisateurs. Ces éléments servent autant au marketing qu’au pédagogue pour affiner les attentes de l’utilisateur.

Hébergement et diffusion

Un MOOC, c’est avant tout utiliser un outil de diffusion qui puisse répondre en temps réel aux sollicitations de milliers d’utilisateurs. L’infrastructure d’hébergement doit être scalable ; c’est-à-dire la capacité de supporter une montée en charge à la demande tout en maintenant les fonctionnalités et les performance de la plateforme choisie. C’est la raison pour laquelle les plateformes sont hébergées dans des fermes serveurs identiques aux solutions de e-commerce.

Les startups du secteur proposent toutes des solutions d’hébergement et de diffusion. Les prestataires de services proposent Canvas et EDx, parfois Moodle. Le choix se basera sur la stratégie pédagogique du projet. La partie technique (hébergement et diffusion) n’est pas la plus onéreuse. Cela représente une enveloppe de 10 à 20 K euros.

Animation : la communication

On l’oublie souvent, mais ce qui fait la différence entre les MOOC, c’est la qualité de leur animation et du suivi des utilisateurs. L’opération se déroule en trois étapes :

• Lancement et promotion du MOOC
• Pilotage technique et pédagogique
• Animation du MOOC et de la communauté

Trois à cinq semaines avant le démarrage de la session, il faudra diffuser un teasing pour lancer les inscriptions. Il doit présenter en trois minutes le sujet…. de façon drôle ou académique en fonction de la cible.

exemple : teaser de l’économie circulaire et innovation

FUN-MOOC : Économie circulaire et innovation par fr-universite-numerique

C’est également le lancement des communautés sur les réseaux sociaux traditionnels : Google+, Facebook, etc. En effet, la plateforme idéale n’existe pas. C’est peut être une chance. Elle oblige le concepteur pédagogique à faire preuve d’imagination en s’appuyant sur des services externes.  

Tout cela nécessite d’intégrer les compétences d’un community manager dans l’équipe d’animation pédagogique. Ce sera à lui de faciliter les approches de type social learning.

Pour chaque session, il faut cumuler les coûts de mise à jour, de diffusion et d’animation, soit une enveloppe comprise entre 15 et 25 000 euros. Elle dépend du nombre de participants et de la qualité de l’animation.

D’une saison à l’autre

Chaque diffusion du MOOC est l’occasion d’une mise à niveau des données, voire d’enrichir les parcours. Il faut prendre en compte les retours utilisateurs et analyser. Bref, un MOOC est un projet au long cours.

Plus le porteur de projet est en contact avec sa communauté, plus les saisons seront riches d’enseignement et d’améliorations. Et plus le prix unitaire de formation baissera. Une première session attire en moyenne 5 000 personnes. La seconde peut en attirer le double.

Courbe d’apprentissage

On le voit bien, la fabrication d’un MOOC nécessite de nombreuses compétences. Est ce que produire des MOOC à plusieurs serait une opportunité pour développer de nouvelles compétences répondant aux attentes des utilisateurs ? Un premier MOOC coûte cher… mais d’expérience, les coûts de production baissent très rapidement dès lors que l’on a acquis les bases de la production. Est ce qu’un label de qualité permettrait de fixer un cadre pour les initiatives ? Quelles économies d’échelle peut on mettre en place ?

Au delà, un MOOC reste une formation. Et c’est aux formateurs et aux pédagogues de s’approprier ce nouveau média complémentaire des autres formes d’apprentissage.