Yprema recycle chaque année deux millions de tonnes de matériaux de démolition

Rédigé par

Jean-Philippe Pié

Journaliste

2297 Dernière modification le 09/01/2013 - 09:35

La directive européenne du 19 novembre 2008 sur les déchets fixe comme objectif le recyclage en 2020 de 70 % des déchets du BTP. Selon l'Ademe, le taux actuel tourne autour de 30 % en France. D'énormes efforts restent donc à produire. Mais la bonne nouvelle, c'est que le savoir-faire existe, il est même maîtrisé depuis 20 ans par une entreprise de la région parisienne, la société Yprema, qui en a fait une activité rentable.

En 2011, les six centres de traitement de cette société ont ainsi récupéré 2 millions de tonnes de gravats de déconstruction et les ont entièrement recyclées, pour les revendre comme matériau de construction de routes. Ce pionnier de l'écologie industrielle créé en 1989 valorise deux grandes catégories de produits : issus de la démolition des structures en béton (1 million de tonnes/an) ou bien provenant de la réfection des routes (un million de tonnes également).

Dans chaque centre de traitement, les blocs de béton sont éclatés par traitement mécanique puis concassés, passés au crible, triés par taille, enfin déferraillés. Il en sort des graviers béton qui seront réemployés pour former différentes sous-couches routières ; certains graviers seront à vocation drainante, d'autres à vocation porteuse. 

« Ces graviers présentent la même qualité que ceux issus des carrières et sont  vendus moins cher. Mais la vraie différence réside dans le gisement, qui dans notre cas est indéfiniment renouvelable » explique Dimitri Jourdan, P-DG de cette société de 90 personnes.  Le gisement est non seulement renouvelable mais colossal. Les déchets du BTP s'élèvent à 250 millions de tonnes par an en France, dont 180 millions de déchets dits inertes (non dangereux) provenant de multiples types de structures en béton. Pour Yprema, le « gisement » exploitable s'élève à 60 millions de tonnes par an. 


Deuxième aspect essentiel, les économies de transport. « La répartition géographique de nos six usines nous permet de traiter les matériaux au plus près du chantier de déconstruction, explique Dimitri Jourdan. Les camions n'ont en général que quelques kilomètres à parcourir, voire quelques centaines de mètres. Ce circuit court est à la fois indispensable d'un point de vue économique, et aussi un élément important de notre pratique de l'écologie industrielle. Le fait que nous soyons aux portes des villes est un avantage important par rapport aux carrières. » Le traitement des matériaux est en revanche consommateur d'énergie : « on consomme 1 kw/h ou un litre de fuel par tonne produite annonce Dimitri Jourdan. Un bon ratio selon lui, beaucoup plus favorable en tous cas que celui des cimenteries.

La société Yprema ne reçoit aucune subvention d'aucune sorte et son succès est assis sur une vraie pertinence économique. « Nous sommes la preuve vivante que l'on peut associer recyclage et rentabilité » estime Dimitri Jourdan. 

Jean-Philippe Pié / blog.salon-ecobat

Légende photo : Le « gisement » de graviers de démolition exploitable par Yprema s'élève à 60 millions de tonnes par an. 

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