Réinventer Paris : à la conquête des toits

Ce sont des milliers de mètres carrés que représentent les toitures des nouvelles constructions et des réhabilitations d’immeubles. Des espaces qui offrent une vue magnifique sur la ville, donnent de la hauteur aux citadins et leur permettent de créer du lien.

A Belleville : la serre habitée

Au cœur du quartier de Belleville, dans une rue calme à deux pas du parc de Belleville, un terrain nu de 275 m² pouvait se prêter à toutes les innovations. C’est un projet d’habitat social et alternatif qui a été choisi, imaginé par Vincent Saulier Architecte et Choreme  (paysagiste). Le projet de serre habitée offre un volet inédit : le bâtiment R + 5 sera investi, fignolé, meublé et habité par vingt-quatre étudiants en architecture qui auront accompagné la gestation de l’immeuble.

Celui-ci, à ossature bois, performant et biosourcé, est surmonté d’une serre légèrement en retrait. Légère et d’écriture industrielle, elle offre des usages polyvalents et mutualisés (on y trouvera notamment un potager hors sol). Cette serre termine la relation au ciel et donne toute son identité à l’édifice.

Buzenval : l’Auberge Buzenval

Buzenval © Novaxia / Ory et Associés

Un terrain nu de 336 m², non loin de la place de la Nation, est libre de tout usage. L’auberge Buzenval jouxte une parcelle communale où s’achève la construction d’un centre d’animation municipal qui participe à la requalification de la rue de Buzenval.

Le promoteur Novaxia, la jeune start-up de l’hôtellerie alternative Slo Living Hostel et le studio d’Architecture Ory et Associés se sont réunis pour imaginer l’auberge de demain, à ossature bois. Le projet, à dimension humaine, ne comprend que 142 lits répartis dans 32 chambres et 7 appartements. Il accueillera voyageurs indépendants, groupes d’amis et familles, jeunes actifs et Parisiens.

Le sous-sol sera aménagé en un lieu à usages alternatifs suivant le moment de la journée : fooding, coworking, répétitions de musique… Le toit-terrasse aménagé et paysagé sera accessible aux habitants de la résidence mais aussi aux personnes de l’extérieur. Les groupes d’amis et les touristes de passage pourront s’y mêler dans une ambiance calme et conviviale.

Ordener : Tranches de Vie

Ordener © Hubert & Roy Architects Associés / Florence Mercier

Non loin de la mairie du 18è arrondissement se trouve une parcelle tout en longueur de 1800 m² occupée par un bâti industriel. L’immeuble Tranches de vie bénéficie de la quiétude du cœur d’îlot. Le site, de part sa configuration inhabituelle, suggère un programme tirant parti du contexte : logements sociaux, logements participatifs et crèche. Le projet est l’œuvre d’Hubert & Roy Architectes Associés et de la paysagiste Florence Mercier.

Réutilisée et partiellement convertie en serre, la halle métallique de l’ancien bâtiment abrite la cour de la crèche ainsi que des cultures hors-sol. La parcelle étant enclavée, le projet s’ouvre vers le ciel avec un espace partagé : un jardin haut cultivé par les habitants. Un aménagement qui met en place une économie d’échange et de savoir-faire liés à l’écologie urbaine. En outre, une distribution horizontale sous forme d’une promenade en hauteur s’ajoute aux escaliers. Les cages d’escalier s’ouvrent à la végétation, à la culture et aux oiseaux. Ce parcours ouvre la vue vers le quartier et est relié aux couloirs de biodiversité des alentours.

Italie : Italik

Italik © L35 Architectos / Ory & Associés

Situé à côté de l’un des plus grand centres commerciaux de Paris (Italie 2), l’esplanade publique Italik de 2600 m² bénéficie des flux générés par la place d’Italie. L 35 Architectos et le cabinet Ory & Associés a imaginé un projet urbain collaboratif qui, de plus, reconstitue l’alignement général de l’avenue d’Italie. Composé d’une structure en bois, le bâtiment accueillera des jeunes créateurs de commerce et donnera une place importante aux enseignes innovantes.

Au-dessus du bâtiment, la toiture végétalisée de 1100 m² aura plusieurs usages. Elle sera exploitée par Topager (potager urbain et refuge de biodiversité) et la garderie Môm’artre dans le cadre d’un projet pédagogique commun. Les enfants pourront donc s’épanouir au contact de la nature.

Pershing : Mille arbres

Pershing © Sou Fujimoto Architects / Manal Rachdi / Oxo Architectes / Atelier Paul Arène / Pierre-Alexandre Risser

Un vaste terrain situé avenue de la Porte-des-Ternes, à côté du Palais des Congrès, doit accueillir Mille arbres, un immeuble-pont au-dessus du périphérique, reliant ainsi Neuilly situé en face. La visibilité exceptionnelle de cette parcelle et l’importance des flux qui la traversent appellent un projet d’envergure et particulièrement innovant.

Né de l’imagination de Sou Fujimoto Architects, Manal Rachdi, Oxo Architectes, et les paysagistes Atelier Paul Arène et Pierre-Alexandre Risser, « Mille arbres » a pour ambition de transformer la frontière qu’est le périphérique en un lien. C’est en premier lieu paysagé et arboré répondant au besoin de nature des Parisiens. Au milieu s’élève un immeuble-ville à la morphologie singulière, qui s’affine du toit vers le sol. Ses volumes en suspension accueillent un écosystème urbain avec bureaux panoramiques et hôtel, et logements aux derniers niveaux pour profiter de la meilleure vue. Le bâtiment est surplombé d’un vaste parc hébergeant un village de maisons en bois et matériaux biosourcés. Ce parc et son village sont posés au sommet de ce gigantesque immeuble, tel une skyline unique et poétique.

Ternes-Villiers : la ville multi-strates

Ternes Villiers © Jacques Ferrier Architecture, Chartier Dalix Architectes et de SLA Paysagistes

La ville multi-strates se trouve sur le site Ternes-Villiers, entre l’avenue de la Porte-des-Ternes et le boulevard d’Aurelle-de-Paladines, dans le secteur de la Porte Maillot. La valorisation de cette emprise sous forme d’un immeuble-pont en surplomb du boulevard périphérique participera à la requalification de cette zone d’avenir.

La « Ville multi-states » est l’œuvre de Jacques Ferrier Architecture, Chartier Dalix Architectes et de SLA Paysagistes. Elle se matérialise par un paysage extraordinaire, à la fois ouvrage d’art et parc public. Ce projet permet de tisser des liens avec l’environnement et notamment avec la chapelle Notre-Dame-de-la-Compassion. Le programme est conçu comme un îlot poreux qui laisse passer le regard entre les différents immeubles de bureaux et de logements dotés de commerces en rez-de-chaussée. Les toitures végétalisées sont des lieux d’investissement, permettant des cultures diversifiées. Propices aux échanges et aux influences réciproques, le projet met en avant la reconquête des toits pour y créer de nouveaux espaces de vie collective avec, par exemple, la culture du premier thé 100 % parisien. Les immeubles sont reliés entre eux en toiture par des passerelles, donnant tout son sens à la préfiguration d’une grande promenade paysagère du Grand Paris.

Piat © Vincent Saulier Architecte / Choreme

Article publié sur Mondial du bâtiment
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