Le soleil pour architecte !

Rédigé par

Jean-Philippe Pié

Journaliste

8272 Dernière modification le 03/08/2012 - 10:12

Dans la catégorie des bâtiments extrêmes, celui-ci est très proche de la médaille d'or.

Héliodome

Son concepteur Eric Wasser l'a baptisé héliodome : "Cette maison a une forme imposée par la nature et non par l'homme. Si le soleil avait un fil à couper le beurre, il sculpterait mon héliodome !" Le principe ? Un volume architectural fixe fondé sur la trajectoire du soleil dans son cycle annuel. En clair, l'héliodome laisse entrer le maximum de lumière et de chaleur en hiver, car les rayons solaires le frappent de façon perpendiculaire. L'été, ces rayons rasent la façade sans pénétrer à l'intérieur de la maison. Sa forme évoque une coquille Saint Jacques inclinée. C'est en quelque sorte un cadran solaire en trois dimensions. Mais attention, cet édifice ne tourne pas et n'en a pas besoin - à la différence des maison Domespace, fondées elles aussi sur le principe d'une exposition lumineuse optimale selon les saisons. 

Situé à Cosswiller en Alsace et terminée il y a quelque dix-huit mois, cette maison de 200 mètres carrés sur trois niveaux tient ses promesses de sobriété énergétique record : 17° l'hiver sans chauffage. Une performance qui dépend du degré d'ensoleillement. "La maison étant très bien isolée, mieux vaut un hiver froid voire très froid avec un ciel dégagé, qu'une saison pluvieuse comme cette année. Construit dans le Midi, l'héliodome n'aurait sans doute pas besoin d'être chauffé" explique Eric Wasser.

Le concepteur de l'héliodome de Cosswiller annonce plusieurs projets de construction, en France et en Suisse - Le schéma d'ensoleillement


La maison est également performante en été. "La partie basse ne dépasse jamais 20°C, y compris par forte chaleur" observe Eric Wasser. A la clé, non seulement cette forme solaire inédite, mais aussi une isolation laine de bois pour l'intérieur et liège à l'extérieur, le tout sur une structure bois et béton. Des panneaux solaires thermiques fournissent l'eau chaude sanitaire. Sur un an, cette maison permet d'économiser 80 % de l'énergie consommée dans une construction classique. 

Curieusement, Eric Wasser, 52 ans, n'est ni architecte ni ingénieur de son état. Il est ébéniste de formation et a été Meilleur ouvrier de France à 25 ans. Depuis 20 ans, il se consacré au design de meubles. C'est un passionné de formes, à la recherche de "la forme juste". Il a imaginé cet héliodome dès 1998, déposé le brevet en 2001, obtenu le premier prix du Concours Lépine en 2003 et enfin, le permis de construire en 2005. L'héliodome est "le projet de sa vie", qu'il a auto-financé à 100 %, à hauteur de 300 000 € - un budget qui n'intègre pas le temps passé... 

L'édifice a attiré plusieurs milliers de visiteurs depuis l'inauguration et figure déjà dans les brochures des offices de tourisme de la région. Eric Wasser a eu en effet la bonne idée d'en faire une maison témoin, ouverte au public et accueillant des séminaires et conférences. 

Mais au delà de l'effet de curiosité, quelles perspectives économiques pour ce bâtiment expérimental ? Eric Wasser, qui souhaite développer seul son affaire, annonce trois projets au stade du permis de construire à un coût qui ne dépasse pas 2000 €/m2. Sa société dispose d'un catalogue désormais finalisé, avec des surfaces allant de 20 m2 (bungalow) à plus de 100 mètres carrés. L'inventeur précise avoir affiné son concept de construction, plus simple que celui du prototype. Lequel devrait poursuivre sa carrière de monument alsacien hors norme et inspirer peut-être de nouvelles architectures radicalement solaires. 

Jean-Philippe Pié

Source écobat « Le soleil pour architecte »

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