« Le BIM ne se limite pas à un outil de conception »

Rédigé par

Sylvain Bosquet

Responsable Web editorial

5305 Dernière modification le 04/09/2014 - 16:25

Le BIM est devenu un enjeu majeur de la construction durable, de la performance énergétique et environnementale. Dominique Lefaivre est l’un des pionniers de ce sujet en France. Au sein du cluster Eskal Eureka, il forme les professionnels à la maquette numérique et optimise les processus et les méthodes de travail, en expérimentant sur des chantiers tests dans le cadre du programme des investissements d'avenir REHABITASYSTEM.

Quelles sont vos actions aujourd’hui sur la maquette numérique ?

Dominique Lefaivre : Eskal Eureka travaille au développement de la technologie BIM et du scan 3D, qui sont des outils performants pour anticiper les non qualités, travailler sur les questions de santé et de qualité de l’air intérieur, mais aussi sur les préoccupations environnementales liées au bâti. Ces technologies sont là pour orienter la conception dans le bon sens.

Au niveau national, je suis intervenu dans le groupe BIM du Plan Bâtiment Durable animé par Frank HOVORKA et Pierre Mit. Maintenant je fais partie de groupe de travail sur la carte vitale du bâtiment animé par André Pouget et suis en contact avec Bertrand Delcambre dans le cadre de sa mission "ambassadeur du numérique" installée par la Ministre du Logement, Sylvia Pinel.

Qu’apporte le BIM au secteur ?

D.L. : Actuellement, les professionnels ne voient dans la maquette numérique qu’un outil. Il est vrai que les autres industries se sont toutes dotées d’outils de conception numérique. Il est facile de faire ce parallèle. Le BIM ne se limite pas à un outil de conception, c’est surtout un outil de gestion de projet qui va pousser les entreprises à travailler autrement. Un chantier fonctionne aujourd’hui comme une succession de phases séquentielles et non suffisamment interopérables : une tâche va succéder à une autre. Mais aujourd’hui beaucoup de travaux sont interdépendants et on ne peut plus se permettre de raisonner comme sur un chantier du début du XXème siècle. Le BIM c’est aussi un espace d’échanges numériques où les différents intervenants se retrouvent pour coordonner le projet au mieux. Que ce soit pour la construction de logements sociaux, d’un immeuble de bureaux, d’une école, mais aussi sur des bâtiments patrimoniaux.

Il faut donc faire évoluer les mentalités ?

D.L. : Oui. Le but d'un cluster est de permettre l'échange, la réflexion et le partage pour l'action :  Eskal Eureka propose des formations en direction des artisans, des architectes et des bureaux d’études. Ensuite, il s'agit d'expérimenter sur des chantiers tests et de mesurer les véritables valeurs ajoutées.

Eskal Eureka participera aux Universités d’été Intecluster 2014 ?

D.L. : Tout à fait, Charlie Urrutiaguer y interviendra pour présenter le scan 3D de façon très pointue, le 10 septembre lors d’un atelier dédié. C’est un sujet porteur et les professionnels sont de plus en plus demandeurs. Les clusters sont un bon vecteur pour diffuser la pratique du BIM et du scan 3D à une échelle locale.

Quels sont vos projets du moment ?

D.L. : Je commence une thèse de trois ans à l’Ecole des Mines de Paris en Gestion des organisations innovantes, sur les actions collectives et groupements  d’entreprises. Aujourd’hui lorsqu’on parle d’innovation, tout le monde pense à la technologie. Mais celle-ci ne représente que 20% de l'innovation globale. L’innovation est aussi sociale et organisationnelle. C’est lorsque les hommes changent de façon de fonctionner qu’ils aboutissent à de nouvelles idées. Pour cette thèse, bien sûr je vais m’appuyer sur mes années d’observation au sein du secteur de la construction, mais je veux aussi l’appuyer sur une base théorique basée sur les sciences de la gestion. C’est une démarche structurante.

Interview Sylvain Bosquet. Pour suivre l'actualité du BIM : rejoignez la communauté BIM & initiatives locales animée par Dominique Lefaivre.

 

Partager :