Le BEPOS pour tous, retour sur le colloque "Vers 100% BEPOS en 2020"

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NOVA BUILD

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3086 Dernière modification le 23/11/2015 - 10:49
Le BEPOS pour tous, retour sur le colloque
Effinergie, Enerplan et Novabuild ont organisé à Nantes le 22 octobre 2015 la 2e édition du Colloque « VERS 100% BEPOS 2020 Réussir la généralisation du bâtiment à énergie positive ». Cette manifestation a rassemblé plus de 120 professionnels du bâtiment.

Réussir la généralisation du bâtiment à énergie positive

Les métiers du bâtiment ont fortement évolué ces quinze dernières années. La perspective du BEPOS, inscrite dans la Loi depuis le Grenelle de l’environnement, permet de prévoir encore de fortes évolutions. C’est pourquoi Novabuild a choisi le sujet du BEPOS comme axe stratégique dans sa feuille de route 2014/2016.

Lors de la première édition, les interrogations des participants portaient essentiellement sur la définition du BEPOS. Aujourd’hui, le public convaincu par les enjeux du BEPOS, souhaite aller plus loin en échangeant sur les pratiques et les retours d’expérience. La perspective 2020 est une réalité en devenir. Et même si les noms de la mesure changent, il existe une réelle stabilité depuis une quinzaine d’années. Le marché est prêt à passer au BEPOS. C’est techniquement faisable. La capitalisation des expériences doit se faire à l’échelle d’entreprises de toutes tailles. Ce n’est plus une affaire de réglementation mais de volonté.

Le BEPOS pour tous

Pour Yann DERVYN, directeur d’Effinergie "Il y a moyen aujourd’hui de faire du BEPOS


 
partout en France". Les exemples qui vont être présentés au cours du colloque vont démontrer que le BEPOS est accessible à tous. « Le défi c'est la généralisation. Aller vers le BEPOS pour tous!" martèle Jean-Christophe VISIER du CSTB.

Avec le BEPOS tout change

Quand on regarde le chemin parcouru on se rend compte qu’une marche a été franchie en peu d’années. Jean-Christophe VISIER le rappelle en entrée de jeu  « en 2000, parler BEPOS, cela paraissait un peu fou, New Age".

Il faut dès maintenant analyser les conséquences d’un tel changement de société, par exemple, le BEPOS va perturber les modèles de consommation énergétique, "on n'a pas anticipé l'autoconsommation" comme l’indique de son côté Etienne JAN (E-Cube Strategy Consultants). Le modèle économique des réseaux électriques va être bouleversé, cela va  diminuer la consommation et impacter les recettes. Pour autant, Jean-Christophe VISIER insiste en rappelant que "le BEPOS aura plus que jamais besoin de réseaux électriques performants".

D’autres secteurs vont être impactés, notamment celui des énergies renouvelables. Le BEPOS va représenter prochainement le 1er marché du photovoltaïque, les produits vont devoir s'adapter à cette nouvelle demande comme le souligne  Etienne JAN.

Le BEPOS c’est avant tout un bâtiment passif et bas Carbone

La généralisation du BEPOS est l’affaire de tous, Hughes DELPLANQUE (SELA) vient rappeler le rôle éminent des aménageurs, « A Loire Atlantique Développement, nous considérons l'énergie comme prioritaire". Mais si la question de l’énergie devient centrale, elle n’est pas réservée aux énergéticiens.  Le rôle des acteurs du bâtiment n’en est pas moins renforcé car le BEPOS est avant tout un bâtiment à très haute performance énergétique. Tous les participants au colloque rejoignent Julie Willem quand elle affirme « aller vers le passif est le 1er défi pour aller vers le BEPOS".

L’autre enjeu souligné par  Jean-Christophe VISIER, c’est le bilan Carbone de nos ouvrages : "1 m2 de bâtiment, c'est 1 tonne de carbone dont la moitié sur le bâti et la moitié sur la maintenance avec l'énergie et les fluides". Travailler sur le BEPOS doit nous permettre de diminuer l’impact carbone des bâtiments.

Le BEPOS est un changement de société

 

L’intervention d’Alain MAUGARD est comme d’habitude rafraîchissante et pleine d’énergie. Il remercie les organisateurs de ne pas avoir mis de point d’interrogation au titre du colloque «vers 100% BEPOS en 2020. " Le titre du colloque est sans interrogation, car cela va se faire". Il ajoute que «le BEPOS est une chance fabuleuse pour l'architecture, car l'architecture est portée par les changements de société, et le BEPOS est un formidable changement de société ».Et pour s’en convaincre : "Avec le BEPOS chacun devient producteur d'énergie, ça c'est la révolution! La Loi ouvre cette voie. Et ce qui est formidable, c’est que les photons perçus par les citoyens sur leur toit ne privent personne de le faire». C’est nouveau que dans l’histoire de la maîtrise de l’énergie, une nouvelle conquête ne se fasse au détriment de personne.

 Le BEPOS est une chance pour les acteurs du bâtiment

Parler de BEPOS pour tous laisse à penser que tous peuvent y aller au même rythme, ce que dément le Président de QUALIBAT Alain MAUGARD : "La construction c'est comme le Tour de France, ceux qui sont partis plus vite auront une avance sur les autres. Pour autant, le grupetto, les retardataires du peloton, ne doit pas être éloigné des échappées sinon il est éliminé". Et comme pour convaincre tout le monde de s’élancer, il ajoute « Le BEPOS est une façon de reprendre la main, c'est excitant et passionnant, cela va être du plaisir." Alain MAUGARD fait remarquer que comme pour toute nouvelle technologie, ce qui semble difficile au début va bénéficier de la courbe d'apprentissage : « le passiv haus c'est tout simplement les bâtiments qui sont les mieux faits".

L’autre chance que le BEPOS offre aux professionnels du bâtiment, c’est de les amener à travailler ensemble "Les secteurs économiques modernes sont ceux qui ont fait du collaboratif. Le bâtiment est à l'orée de cette révolution". Enfin, Alain MAUGARD lance un appel aux pouvoirs publics : "Il faut que la réglementation laisse des marges de manœuvre pour optimiser les choix en local".

"Le BEPOS ne comporte aucune contrainte en terme de solutions techniques" comme le souligne Teddy POIZAT (Idefia) avec un exemple d’ouvrage en structure métallique. Pour atteindre le BEPOS Effinergie, il n'y a pas de solution catalogue. Sébastien LEFEUVRE qui gère l’Observatoire d’Effinergie le confirme : « Toutes les solutions sont possibles ».

Et les usagers dans tout cela ?

On a demandé à Luc STEPHAN de Nantes Habitat de répondre à cette question : « Comment les locataires de bâtiments BEPOS ressentent le thermique?". A sa réponse, on a l’impression que cela ne les intéresse pas trop : "Leurs premières satisfactions c’est  la surface, le confort, les relations sociales. La question thermique apparaît loin derrière». En fait les locataires s'intéressent à l'énergie au début, et ne s'y intéressent plus avec le temps.

Cette impression est confirmée par Nicolas VIGIER, d’Angers Loire Habitat pour qui la question énergétique doit être non seulement « transparente » mais simple d’accès : "Je ne crois pas à l'appartement gadget, il faut que la technologie soit simple d'utilisation".

Vincent BRAIRE (Pouget Consultant), avait la lourde tâche de faire un  rapprochement entre les consommations théoriques et les consommations réelles. Sur les ouvrages qu’il a instrumenté, il constate que la consommation réelle de chauffage est supérieure aux calculs conventionnels, mais l'ECS (eau chaude sanitaire) est inférieure. "Dans un BEPOS il y a 1 décalage entre la production d'électricité qui est forte en été pour une consommation qui est  forte en hiver", question sur laquelle les énergéticiens continuent de travailler.

Doit-on accompagner les usagers à piloter leur logement BEPOS?

Gaëtan BRISEPIERRE vient en tant que sociologue faire le point sur différentes études, et puisque cela semble utile de le rappeler, il indique « qu’il n'y a pas d'occupant type conforme aux valeurs conventionnelles ». Et pour être certain de se faire comprendre, il ajoute : "Les occupants ne respectent jamais les consignes d'occupation, ils vont élaborer leurs propres tactiques d'usage et les hypothèses comportementales prises par les concepteurs ne se réalisent jamais ». Sous forme d’alerte, il nous dit « la conception des BEPOS ne permet pas de maîtriser les usages spécifiques de l'électricité qui sont eux en pleine explosion ».


En ce qui concerne l’accompagnement, il précise qu’il ne faut pas aller uniquement vers une sensibilisation des bonnes pratiques, c'est tisser une relation qui compte le plus. Le conseil de Gaëtan BRISEPIERRE est d’aller vers ce qu’il appelle « le double flux relationnel ». D’un coté les professionnels sont amenés à exposer leurs contraintes techniques et de l’autre, ils doivent écouter les attentes des habitants. On peut même imaginer aller vers l'auto-organisation des habitants pour la maintenance énergétique.

Au bout du compte, le BEPOS, cela coûte plus ou cela rapporte plus ?

A la table-ronde finale sur les coûts du BEPOS, Sébastien LEFEUVRE (Effinergie) le dit d’emblée « Il y a une forme d'opacité sur l'économie des projets BEPOS". Il constate que "la moyenne de coût au m2 pour la maison individuelle est de 1352€. C’est un coût plus élevé mais qui reste dans le marché". Avec un certain optimisme, il constate une courbe d'apprentissage sur les coûts, avec une baisse de 18% sur 5 ans.

Pour Maxime BRARD (Ecolocost) le coût d'une maison est extrêmement dépendant de la qualité des matériaux, "on a vite fait de mettre 200€ de plus par m2, ce chiffre est à mettre en rapport avec les gains attendus en exploitation sur 20 ans ».

Quand on parle de coût, il faut parler de valeur verte. C’est désormais une réalité dans le marché du tertiaire comme a pu le souligner David MARIGNY (Bouygues Immobilier) : « Le BEPOS pour le client tertiaire c'est une économie en maintenance, mais aussi une attractivité locative, voire un renforcement de l’attractivité de l'entreprise ». C’est une des raisons pour lesquelles désormais "toute la production tertiaire de Bouygues Immobilier est désormais en BEPOS".

La conclusion pragmatique du colloque faite par Benoit COEURDEROY montre à quel point les professionnels ont avancé sur ces questions : "l’enjeu désormais c’est simplement de rendre compatible le BEPOS avec le confort d’utilisateur dans un coût acceptable par le marché ». Vaste programme !

Rendez-vous l’année prochaine comme nouveau point d’étape vers la généralisation du BEPOS.

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Le colloque réunissait 18 intervenants :

  • Roland GERARD, ADEME
  • Jean-Christophe VISIERDirecteur du département Energie Santé EnvironnementCSTB
  • Julie WILLEM, architecteA2M
  • Hughes DELPLANQUEChargé d'opérationSELA / Département Loire-Atlantique
  • Alain MAUGARDPrésident, Qualibat   
  • Teddy POIZAT, Responsable Technique, IDEFIA
  • Rodrigue GOULARD, architecte associé à l'Agence MAGNUM Architectes&Urbanisme, Vice Président du Conseil Régional de l'Ordre des Architectes des Pays de la Loire 
  • Nicolas VIGIER, Directeur du Patrimoine et de la Maîtrise d'ouvrage, Angers Loire Habitat (OPH)
  • Antoine PILLOT, Directeur, ARTPROM
  • Etienne JAN,consultantE-CUBE STRATEGY CONSULTANTS
  • Gaëtan BRISEPIERRE, Sociologue Indépendant
  • Luc STEPHANDirecteur Innovation,Nantes HABITAT et Vincent BRAIRE, Directeur de l’Agence de Nantes, POUGET CONSULTANTS
  • Sébastien LEFEUVREChargé de mission, Observatoire BBC / Effinergie
  • Maxime BRARDGérantEcolocost
  • David MARIGNY et Alexandre CARTIER, BOUYGUES Immobilier
  • Benoît COEURDEROY, SERCIB

 

 

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