Laurent Rossez: Plaidoyer pour se réinventer en permanence

Rédigé par

NOVA BUILD

L'écoconstruction est notre avenir

1287 Dernière modification le 06/03/2017 - 09:43
Laurent Rossez: Plaidoyer pour se réinventer en permanence
Nous le savons aujourd'hui, les données sont claires : 50 % des emplois en 2030 n'existent pas aujourd'hui. Pour nos métiers peut-être encore plus que pour les autres, parce que nous avons longtemps maintenu un système en place, nos emplois de demain sont donc à inventer ou plutôt à ré-inventer.

Ces chiffres seraient alarmants si nous n'étions pas dans une dynamique de renouvellement permanent, dans l'idée qu'il faut à la fois comprendre les changements en cours mais également s'y impliquer pour trouver sa place dans ce monde en transition plutôt que de subir. C'est pourquoi plus encore aujourd'hui qu'hier NOVABUILD se place volontairement comme l'accélérateur des transitions en positionnant notre feuille de route au cœur des changements en cours dans nos filières.

Mieux vaut comprendre qu'apprendre à ses dépens

Il y a des signes avant-coureurs nombreux dans le paysage de ce vaste changement du champ de nos emplois du futur. Les raisons en sont à la fois techniques, technologiques mais aussi plus profondément sociétales. 

Nous risquerions de ne plus avoir « les cartes en main » demain par manque d'adaptation, d'agilité ou de compréhension face aux nouveaux enjeux.

Car les indicateurs ne trompent pas, nous voyons bien que pour "fabriquer" nos projets il faut à la fois repenser nos ressources clés mais en même temps se doter d’une grande acuité pour garantir la source de nos revenus en comprenant qui sont les véritables décisionnaires demain et surtout comment ils évoluent…

En amont les changements à mener sont profonds 

En amont, nos activités sont questionnées par une transformation de nos ressources clés ainsi que le nécessaire recours à de nouveaux partenaires indispensables. Je n'ai pas de longs schémas à vous faire pour vous sensibiliser, par exemple, sur le fait que la digitalisation de notre économie risque de tout remettre en cause si nous ne nous impliquions pas assez dedans.

Si on ne cite aujourd'hui que le BIM, la fameuse "maquette 3D" véritable avatar numérique de nos projets à haut contenu de données, on discerne bien qu'à la fois de nouveaux métiers se présentent car de nouvelles valeurs ajoutées peuvent s'adjoindre à ce support ; on intuite aussi que, par manque d'anticipation ou de maîtrise, il y a un risque que cette valeur ajoutée ne soit plus délivrée par nous-même !

Nous deviendrions alors les sous-traitants d'opérateurs mieux positionnés sur les marchés émergents et qui sauraient "tirer les marges" en dehors de notre filière actuelle, ce qui serait dramatique. À nous de faire en sorte que demain nos projets contiennent toute la valeur, tous ce Big Data qui permet de s'immerger pour mieux anticiper, de questionner l'ouvrage tout au long de sa vie, d'en optimiser sa maintenance, de devancer ses évolutions, de savoir aussi mieux le recycler, etc... Et surtout à nous de délivrer cela et le vendre dans la logique du « building smart ». 

Ce sont sur ces sujets que nous sommes attendus par nos donneurs d'ordre et les marchés qui voudront profiter de cette meilleure maîtrise pour eux-mêmes et des nouveaux bénéfices clients grâce aux outils digitaux de demain.

C'est notamment pour cela que le CA de NOVABUILD est très fier de vous annoncer le partenariat que nous avons signé le mois dernier avec MEDIACONSTRUCT, branche française de l'organisation internationale BuildingSMART présente dans 24 pays et à l’origine de l’OpenBim - IFC. Nous sommes grâce à cela au cœur de la transition numérique car ce partenariat positionne NOVABUILD comme "la courroie de transmission" régionale de cette association leader national et reconnue au plan international pour la digitalisation de la construction.

En aval les changements sont en pleine mutation

En complément de nos propres transformations, il faut également être fins observateurs des changements profonds qui s'opèrent en ce qui concerne les donneurs d'ordre. Gouvernant ces changements, il y a de nombreux facteurs propres à l'évolution des aspirations de chacun mais aussi à la profonde transformation des modes de prise de décision. Les commanditaires agissent de plus en plus comme les relais des bénéfices et des aspirations attendus par les futurs utilisateurs et usagers de nos projets. Que ce soit dans les modes d'habiter, les façons de travailler ou encore les loisirs, nous voyons bien que les offres sur le marché sont encore relativement  stéréotypées et ne répondent plus forcément pleinement aux aspirations de la société.

Parallèlement nous voyons émerger des offres sur nos propres marchés, d'un genre nouveau et qui ont un véritable succès. L'habitat en lui-même risque de subir une profonde refonte. Il y a désir sous-jacent grandissant de pouvoir faire évoluer au cours du temps son logement sous tous ses aspects que cela soit dans ses modes de financement, dans ses aménagements commutables, dans ses surfaces capables également, mais aussi dans la possibilité d'apporter plus que les fonctions primaires du logement (logement dépolluant, logement prévenant, logement apprenant, logement soignant,...).

Cela n'existe pas encore mais il est certain que les premiers qui sauront proposer plus de bénéfices utilisateur à un prix maîtrisé et contenu prendront instantanément demain le leadership sur les marchés. Cela s'est vu dans les biens d'équipements, les services, l'automobile...

Ce qui vient d'être dit sur l'habitat est tout aussi vrai dans les espaces de travail. Les décideurs, les chefs d'entreprises sauront très bien déceler les espaces dans lesquels il est avéré que leurs équipes sont dans les meilleures conditions de créativité, de performance et surtout de confort indispensables pour fidéliser les hauts potentiels. Pour se donner les moyens de créer les nouveaux espaces de travail à forte valeur ajoutée et bénéfices collaborateurs, on constate que c'est sur toute la chaîne de production de valeur que nos efforts doivent porter. Et de même que pour le logement, les premiers qui sauront délivrer plus avec moins prendront également le leadership sur les marchés.

Qu'on ne s'y trompe pas d'ailleurs une hiérarchisation des offres dans le tertiaire a déjà commencé.

Je pourrais tenir le même raisonnement sur les offres de loisirs et les équipements associés, ou d’autres domaines de la construction encore… La clé sera de plus en plus la compréhension de ce qui anime les gens pour mettre en face les réponses et les services adéquats. Nous devons passer d'entreprises de conception et de construction à une dynamique collective de "générateurs de bénéfices" clients. Car les résultats probants sur les marchés d'avenir ne sauront être qu'une somme des apports de chacun.

Une tendance de fond les groupements d'intérêt

Je souhaiterais vous parler pour finir d'une tendance actuelle consistant à voir les donneurs d'ordre se constituer en groupements d'intérêt citoyen. C’est encore une part de nos commandes très réduite mais finalement très symptomatique des vastes changements en cours. Un peu partout des citoyens s'unissent en associations et deviennent des maîtres d’ouvrages, acteurs des transitions et pourvoyeurs de nouveaux marchés pour la filière. Ils peuvent d’ailleurs passer pour cela par des financements de type crowdfounding. Ces financements participatifs se multiplient par exemple dans les EnR (éolien, photovoltaïque, hydraulique). Grâce au numérique, de nouvelles plateformes encouragent les citoyens et les collectivités locales à investir dans différents projets. Ces projets sont construits par des citoyens avec l’aide des collectivités locales et des partenaires privés. Par exemple, plusieurs parc éoliens avec un modèle d’actionnariat local ont récemment été développés, rassemblant jusqu’à 100 personnes pour investir plusieurs millions d’Euros. C’est une pratique plus courante encore en Allemagne.

Dans cette perspective, les donneurs d’ordres demain ne sont plus uniquement des grands comptes centralisés mais une myriade de décideurs distribués sur le territoire.

Le fait que des citoyens deviennent nos clients futurs et en direct comme de véritables acteurs de la transition énergétique doit également favoriser notre compréhension de ces changements en aval quant à la transformation de nos donneurs d’ordre et de la nature de nos relations clients. Les clients finaux et les professionnels que nous sommes seront de plus en plus liés et si demain les investisseurs pensent, par comparaison rapide avec d’autres solutions via la « blockchain », avoir trop investi par rapport à la valeur apportée, ils ne passeront plus de marché… Ce qui de surcroît ne nous dédouane pas d’ailleurs de proposer toujours un peu plus à chaque phase de nos collaborations avec ces nouveaux clients avertis et exigeants pour porter le débat sur un autre terrain que celui du prix.

Les changements à venir interrogent donc nos business modèles en profondeur et sur toutes leurs strates. Il n’a donc jamais été aussi important et nécessaire de comprendre et anticiper pour éviter d’apprendre trop tardivement et à nos dépends où et comment évoluent notre filière.

Je vous invite donc à faire bénéficier aussi vos collaborateurs de tout ce que peut leur apporter NOVABUILD et de continuer à faire venir d’autres acteurs avec nous pour permettre de renforcer encore notre expertise commune et partagée.

Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin !

Laurent Rossez, Président NOVABUILD

Article publié sur NOVABUILD
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