Eau chaude sanitaire : comment transformer le gaspillage en gisement d’énergie ?

Rédigé par

Jean-Philippe Pié

Journaliste

3619 Dernière modification le 06/02/2014 - 14:28

L’eau chaude sanitaire (ECS) peut représenter jusqu’à 40 % de la consommation d’énergie dans un bâtiment résidentiel, maison ou immeuble.

Il y a trois ans, l’Ademe lançait une consultation auprès des professionnels pour mieux définir les besoins ECS et surtout, envisager des solutions réellement économes et efficaces. Différents groupes de professionnels ont planché depuis sur la question, parmi lesquels celui constitué par le laboratoire Crigen GdF-Suez, Cardonnel Ingénierie, Saunier-Duval, et Viessmann, notamment. Ce groupe SCE-ECS (Synergie Energie Confort pour l’ECS) va présenter les conclusions détaillées de ses travaux lors d’une table-ronde, le 20 mars prochain, au salon Ecobat.

En attendant, plusieurs idées-forces peuvent déjà être tirées des recherches menées sur le terrain et des constats des professionnels. La plus édifiante est sans doute la quantité de chaleur perdue par les réseaux de distribution, à l’intérieur des bâtiments. Christian Cardonnel, président du bureau d’études Cardonnel Ingénierie, rappelle ainsi que 30 % à 50 % de la chaleur produite lors de la génération collective d’eau chaude disparaissent dans la boucle de distribution. Dans un immeuble collectif par exemple, la production est en général centralisée et le réseau se trouve chauffé en permanence à 60°C. Le maintien à température constante est ultra énergivore, d’autant qu’en moyenne dans un logement, les robinets ne sont ouverts qu’une demi-heure par jour. Un autre chiffre spectaculaire ? 85 % de la chaleur transmise à l’eau repart dans les égouts…

Tout l’enjeu consiste à convertir ce gaspillage en gisement d’énergie et d’économies. 
Parmi les solutions préconisées par le groupe de travail, figure bien entendu et en premier lieu la réalisation de diagnostics et d’audits énergétiques dignes de ce nom, réalisés non plus à partir d’une simple revue des factures mais d’une analyse des consommations et de l’équipement technique.

Ensuite, la génération de chaleur doit être examinée à la loupe. Comment trouver le bon équilibre entre le volume du stock d’eau chaude et la puissance de la chaudière ? L’une des pistes proposées consiste à récupérer la chaleur perdue, en particulier celle, dite fatale, des eaux usées via des échangeurs, ou encore celle de l’air vicié, sur le même principe que les VMC double flux – avec pour avantage de pouvoir accumuler cette chaleur de récupération et l’utiliser au bon moment, ce que ne permet pas la VMC.

Au-delà des solutions techniques, le groupe de travail Crigen GdF-Suez, Cardonnel Ingénierie et consorts met l’accent sur la nécessité de réintroduire simplicité et bon sens dans les projets. Avant de produire l’énergie, il faut limiter les consommations. 


Dans la problématique ECS, ce concept basique amène à s’interroger par exemple sur l’engouement et l’optimisation pour les chauffe-eau solaires, qui produisent beaucoup de chaleur en été alors que c’est en hiver que les occupants consomment le plus d’eau chaude. Avant d’installer des capteurs, mieux vaut bien préciser le réel besoin et peaufiner l’isolation du réseau ECS…

Jean-Philippe Pié pour Ecobat

Légende photo : Plusieurs procédés permettent de récupérer une partie de la chaleur des eaux usées, en faisant par exemple serpenter l’arrivée d’eau froide autour de la canalisation d’eaux usées. Ici, le schéma du Power Pipe de la société Solénove, membre du Pacte SCE-ECS.


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