Du lin dans les fenêtres

Rédigé par

Jean-Philippe Pié

Journaliste

1264 Dernière modification le 16/01/2013 - 12:13

Des profilés de fenêtres bio-sourcés aussi isolants que le PVC et rigides que l'aluminium, mais deux fois plus légers que ce métal pourtant peu pondéreux : c'est le résultat des trois années d'efforts produits par Innobat, une jeune entreprise  de l'Hérault. 

Ses ingénieurs ont mis au point un matériau composite à base de fibres de lin continues, dont la marque, Pulgreen, vient d'être déposée. «  Avec ce matériau, nous développons des écorenforts, des profilés de renforts pour menuiserie PVC qui remplacent les équivalents en métal. Notre matériau améliore la performance thermique de la fenêtre » explique Michel Maugenet, président et fondateur d'Innobat, située à Clapiers près de Montpellier. Mais ce n'est qu'une première étape. Innobat travaille actuellement sur une matrice en résine bio-sourcée composée d'huiles végétales (soja...) ou de glycérol (co-produit des agro-carburants) qui va compléter (entre 20 et 40 %) les résines polyester. A l'issue, Innobat sera capable de proposer des profilés complets. 

La société, dont l'offre est sans équivalent aujourd'hui, est déjà en contact avec les industriels du secteur, français et allemands. « Les fabricants PVC sont sensibles à la démarche, car ils savent qu'ils vont devoir faire évoluer leurs produits. Dans deux ou trois ans, ils seront confrontés à un véritable changement de métier. C'est d'ailleurs en prévision de cette mutation du marché que j'ai créé Innobat » précise Michel Maugenet.

Innobat a été lauréat du concours « Biobased Materials » du JEC Composites Show 2011 et vient d'être primé lors du concours national Domolandes, en catégorie Développement. Des distinctions qui saluent les qualités thermiques et mécaniques de son matériau, qui affiche des performances équivalentes à celles de la fibre de verre.

Le produit absorbe en outre les vibrations et se révèle donc un bon isolant phonique. Et pour les industriels approchés, l'origine végétale se révèle un plus - cela leur permet de se différencier - sans être pour autant leur souci majeur pour le moment. En revanche, ils apprécient fortement le faible surcoût, qui ne dépasse pas 20 à 30 euros par fenêtre. 

Le lin, qui provient de cultures normandes et belges, est transformé dans le Nord et les éco-renforts ont été fabriqués, en petite série, par une usine de l'Oise. Coté certification, Innobat est en contact avec le CSTB mais le fait de changer les renforts ne modifie pas les avis techniques. Ce sera en revanche le cas lorsque des profilés complets seront disponibles.

La société a été financée jusqu'à maintenant sur fonds propres et soutenue par différents dispositifs : Oséo, Ademe, Région Languedoc-Roussillon et l'agglomération de Montpellier. La phase de R&D doit désormais être complétée par le remplissage du carnet de commandes, ce à quoi s'emploie Michel Maugenet. 

Source : Jean-Phiippe Pié / Blog. salon-ecobat

 

Légende photo : Les performances techniques de ces renforts en fibre de lin s'apparentent à ceux de la fibre de verre. 

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