Changements climatiques, quelles conséquences locales?

1590 Dernière modification le 08/10/2015 - 10:38
Changements climatiques, quelles conséquences locales?

La ville du futur devra nécessairement être plus écologique, car elle est une des sources les plus importantes d’émissions de gaz à effet de serres. La réduction de ces émissions passe en partie par des bâtiments plus performants et le développement de transports publics ou de moyens de locomotions moins énergivores.

Tous ces thèmes sont déjà largement compris par les citoyens « urbains », mais combien d’entre eux ont conscience que ce changement climatique aura également un impact direct sur leur vie citadine ?

  • Comment s’adapter à des vagues de chaleurs toujours plus fréquentes ?
  • Quelles sont les grandes orientations urbanistiques et comportementales à anticiper ?

Pour répondre à ces questions, il est d’abord fondamental de comprendre les grands phénomènes qui vont impacter notre futur proche : le changement climatique, les Ilots de Chaleur Urbains (ICU) et les catastrophes naturelles.

Des phénomènes pour la plupart bien connus
L’augmentation du niveau de CO2 dans notre air est un des indicateurs les plus connus des origines du changement climatique. Depuis les premières mesures en 1958 à Mauna Loa (Hawaï), la concentration en CO2 dans l’atmosphère est passée de 310 ppm (partie par million) à 400 ppm et plus depuis 2012. Pour autant, le dioxyde de carbone n’est pas le seul gaz à l’origine de l’effet de serre, ce phénomène qui piège les rayons lumineux dans notre atmosphère et augmente sa température. Le méthane, l’ozone et même la vapeur d’eau amplifient ce phénomène. Ainsi, les villes et gouvernements mettent en place des programmes pour diminuer les émissions des gaz à effets de serre, à travers notamment la réduction de la consommation énergétique. La RT 2012 et bientôt la RBR2020, font par exemple partis des solutions permettant la diminution de CO2.

Concentration en CO2 dans l’atmosphère www.lemonde.fr

Les îlots de chaleurs urbains sont des phénomènes moins connus qui ont pourtant un réel impact sur toutes les villes de taille importante. A cause de ce phénomène, il peut faire jusqu’à 2°C plus chaud dans une ville de 1000 habitants que dans une zone rurale proche, et jusqu’à 12°C de plus pour certaines villes de plusieurs millions d’habitants. Les causes de ce phénomène sont nombreuses : imperméabilisation des sols, végétation limitée, albedo (c’est-à-dire la capacité du sol à réfléchir le rayonnement du soleil) modifié, émission de chaleurs d’origine humaine (chauffage, climatisation, transports), moindre exposition au vent, etc.

Enfin, en partie lié au réchauffement climatique, les épisodes de catastrophes naturelles seront de plus en plus fréquents. Tempêtes, inondations et glissement de terrain sont des conséquences possibles de variations rapides et fortes des conditions climatiques locales. Les 32 morts suite aux inondations dues à la tempête Xynthia à la Faute-sur-mer ou les récents orages qui ont ravagés les Alpes-Maritimes le premier week-end d’octobre, sont là pour nous rappeler les dangers d’une urbanisation mal contrôlée.

Quelles conséquences ?
Les conséquences de tous ces phénomènes sur la ville et ses habitants sont multiples. Les augmentations de température dues aux ilots de chaleur urbain et au changement climatique entrainent d’abord une forte dégradation des conditions de vie en ville, avec une baisse du confort thermique. Lors d’épisodes de fortes chaleurs comme la canicule que nous avons connus en 2003, la santé des citadins les plus fragiles est mise en danger. Risques d’insolation et de déshydratation augmentent dès lors très fortement. De même, un climat urbain avec peu de vent provoque également de graves problèmes de santé, notamment à cause de la pollution aux particules fines. Cancers du poumon, asthme et bronchites sont des maladies pouvant découler d’un environnement urbain pollué. Fort heureusement, les municipalités agissent depuis déjà longtemps sur la thématique de la pollution de l’air. Nous ne sommes ainsi pas près de revoir un épisode aussi tragique que le « grand smog de Londres » qui fut à l’origine de 12 000 décès lors des journées du 5 au 9 Décembre 1952. L’augmentation des températures aura également pour conséquences de baisser la consommation énergétique pour le chauffage en hiver, et d’augmenter celles nécessaires pour la climatisation en été. Dans un pays comme la France, où la climatisation ne s’est pas encore complètement imposée dans les logements, les conséquences sur le design et le dimensionnement des équipements vont certainement se révéler nombreuses.

Mettre en place la résilience de la ville
Exemple de toiture végétalisée https://www.adivet.netLa pollution locale de l’air et de l’environnement, l’augmentation de la température moyenne ou lors de pic de chaleur caniculaire ainsi que des catastrophes naturelles plus fréquentes forceront les agglomérations à s’adapter aux conditions environnementales de demain. Heureusement de nombreuses solutions existent. Certaines nécessitent des adaptations lourdes de l’urbanisme pour diminuer l’impact des canicules ou des catastrophes naturelles. Par exemple la taille des rues d’une ville peut changer la température de celles-ci. Les rues étroites limitent la pénétration des rayons du soleil et permettent de garder la fraicheur de la nuit pendant la journée. Ces rues sont caractéristiques des villes d’Espagne ou d’Italie et leur permettent de mieux résister aux fortes chaleurs. Les conditions climatiques lors de la canicule de 2003 à Paris étaient les mêmes que celles d’une période d’été classique de Séville, pourtant l’impact social et sanitaire n’a pas du tout été le même. Les larges boulevards haussmanniens de la ville parisienne ne permettent pas de se protéger aussi convenablement des périodes de fortes chaleurs. Pourtant, les rues étroites peuvent également piéger la chaleur émise par les climatisations ou les autres sources anthropiques et devenir désagréables par manque de renouvellement d’air. Des études sont notamment menées au Technion-Israel institute of Technology de Haifa pour étudier l’impact de l’alignement, l’orientation et l’écart entre chaque bâtiment sur le climat local. Ces recherches pourraient servir à terme au développement de l’urbanisme des villes afin de les rendre plus résilientes au changement climatique.

Il existe également des solutions plus simples pour limiter l’impact de l’augmentation de la température. Parcs, toitures végétalisées et trames vertes peuvent permettre de rafraichir localement le climat. La température moyenne des parcs est souvent inférieure de 1°C à celle du reste de la ville. Dans les villes avec de grands boulevards la simple présence d’arbres améliore la qualité de vie des passants en procurant ombre et fraicheur à la rue.

Il est également possible de prendre exemple sur les villes d’Andalousie ou du Maroc qui par leur aspect extérieur blanc, notamment au niveau des toits, limitent les apports solaires. Au-delà des bâtiments, de nouveaux types de voiries pourraient être développées pour être moins sombre et rendre la rue moins imperméable. En effet, les sols des villes n’absorbent plus l’eau de la pluie, celle-ci est directement envoyée dans les canalisations. Ces sols plus imperméables ne permettent pas l’évaporation de l’eau de pluie qui est un facteur très important du rafraichissement du paysage urbain. D’ailleurs, si les phénomènes climatiques intensifs se développent comme des orages plus violents, le dimensionnement des systèmes d’assainissement et de drainage des villes devra surement être revu.

L’adaptation des villes au changement climatique n’en est qu’à ses balbutiements, le diagnostic des causes et conséquences d’un tel phénomène sur la ville est en place mais de nombreuses évolutions urbanistiques, technologiques et même fonctionnelles de la ville sont à attendre. En France, le citadin pourrait à terme changer lui-même son comportement et profiter des soirées plus fraîches pour travailler ou profiter de son temps libre pour ses loisirs, le conduisant à un style de vie un peu plus « latin ».

www.tbcinnovation.fr

Article publié par TBC sur Mondial du bâtiment
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