Carlos Moreno : « La Smart City est une ville intelligente humaine »

10165 Dernière modification le 09/12/2016 - 10:22
Carlos Moreno : « La Smart City est une ville intelligente humaine »

Invité de toutes les conférences, le Professeur Carlos Moreno est LE spécialiste international de la ville intelligente ou Smart city. De la Cop 21 aux ateliers de la Résilience en passant par la conférence TEDx Panthéon-Sorbonne qui se sont tenues à Paris, voici quelques morceaux choisis de ces meilleures interventions pour découvrir sa définition de la ville de demain.

Le constat

En l’espace de 100 ans, l’espèce humaine est passée de 3 milliards à plus de 7 milliards. L’activité humaine et la concentration urbaine ont fait que nous dépassons les 400 PPN (particule par millions) de C02, ce qui met en danger la survie de l’humanité, d’ici 50 ans. Des villes comme Lagos en Afrique vont atteindre les 20 millions d’habitants alors qu’il y a 5 ans, il n’y avait que 4 à 5 millions d’habitants. Aujourd’hui, 10% de la population urbaine habite dans 35 villes. Il faut revenir à une vision intelligente humaine et urbaine de la ville. Du Nord au Sud, de L’Est à l’Ouest, certaines métropoles possèdent un PIB (produit intérieur brut) supérieur aux Etats : c’est aux villes de proposer des solutions.

Carlos Moreno : sa définition de la Smart City

La grande question qui partage les gens est : ? La ville n’est pas un algorithme, mais c’est avant tout une identité sociale, économique, géographique. Pour améliorer la qualité de vie des citoyens dans une ville, dans une métropole, il faut privilégier 3 aspects majeurs qui convergent : d’abord l’inclusion sociale pour le mieux vivre ensemble, puis il faut réinventer les infrastructures urbaines puisqu’on doit les adapter à un nouveau style de vie et aux évolutions du XXIe siècle en s’appuyant sur la révolution numérique qui traverse nos vies et l’améliore en « relationnant les hommes dans un territoire ». La technologie est indispensable, mais ce n’est qu’un moyen d’y parvenir. Le vrai challenge c’est le bien vivre ensemble, créer de la valeur ajoutée, être conscient des questions écologiques, se focaliser sur la qualité de la vie et la place des humains.

Favoriser le vivre ensemble et la démocratie participative

Comment les habitants peuvent-ils rendre vivant et agréable cet espace de partage qu’est la ville ? Ce n’est pas évident, car c’est un lieu de vie qui évolue vite et est très difficile à modéliser. La réponse vient des gouvernants qui doivent faire prévaloir les relations entre habitants pour construire un avenir en commun, pour aller vers la qualité de vie. Pour cela, ils doivent mettre en place de bonnes pratiques d’intelligence citoyenne, avec des gouvernances participatives qui cherchent à offrir de meilleurs services, tels l’inclusion sociale et la mise en valeur de territoires au niveau économique pour créer de la valeur ajoutée grâce à la technologie. C’est la créativité qui est la mère de l’innovation : quand on créé, on est capable d’avoir un regard décalé pour se projeter dans le futur.

Relever un défi écologique majeur

Mais tout peut basculer dans une ville à n’importe quel moment par des situations qui ne sont pas prévisibles : tempête, fléau, vulnérabilité sociale et économique, afflux des réfugiés, tropicalisation des maladies… Pour Carlos Moreno, nous avons hérité d’un urbanisme d’un autre temps, les années 50 où nous avons construit la ville dans une version pétrolière dédiée à la voiture avec de grands boulevards de 4 ou 5 voies qui traversent la ville. Aujourd’hui, il faut relever ce défi écologique et être conscient que l’on puise dans les ressources, qu’il y a les contraintes d’énergies, que 80% des villes de monde offrent une qualité de l’air irrespirable, qu’il n’y a plus d’eau, plus d’arbres…

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Il n’y a pas une ville, mais des villes

La problématique urbaine est une problématique transversale : les villes sont complexes et doivent répondre à tous les services : habitation, logement, éducation, culture, infrastructures, voirie, énergie…
Il n’y a pas un modèle unique de Smart City. Nantes, Nice ou Lyon, chaque métropole a ses spécificités : Paris et San Francisco entretiennent parfois plus de relations entre elles que Paris et Bordeaux, par exemple. Les territoires sont différents selon les contextes sociaux, économiques, culturels, géographiques… « Les villes doivent relever plusieurs défis. Le défi social : du mieux vivre ensemble, le défi économique : avoir un emploi, le défi culturel : avoir l’identité des citoyens par rapport à sa ville». Il faut construire des métropoles vivantes : aménager les quais de la Loire, les quais de la Seine pour que chacun s’approprie des morceaux de ville. La problématique identitaire, ce n’est pas de dire : « je suis Parisien » mais « j’aime Paris et je suis ouvert au monde et ma ville se construit avec les autres ».
La ville doit reprendre à l’humain : laisser place aux sensations, c’est un organisme vivant composée de personnes âgées, d’enfants, de mixité… Quand les gens se rencontrent entre eux, disent bonjour à quelqu’un, c’est ce tissu social qui construira la ville de demain.

Fresque réalisée sur la conférence de Carlos Moreno par www.veromillustration.com

Fresque réalisée sur la conférence de Carlos Moreno par www.veromillustration.com

 

Article publié sur Mondial du bâtiment
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