6 sujets qui ont fait le durable en 2016

Rédigé par

Sylvain Bosquet

Responsable Web editorial

5477 Dernière modification le 05/01/2017 - 11:33
6 sujets qui ont fait le durable en 2016

Grâce à la dynamique créée par la COP21, 2016 fut une année clé pour le développement durable. Tour d’horizon des grands sujets touchant nos secteurs  du bâtiment et de la ville.

Biodiversité, terreau pour initiatives fertiles

Le sujet n’est certes pas neuf, et nombreuses sont les ONG qui bataillent depuis longtemps pour pousser la biodiversité sur le devant de la scène. Après l’adoption de la loi de transition énergétique, la biodiversité est devenu le nouveau cheval de bataille de Ségolène Royal. Son projet de loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages, adopté le 20 juillet, place la France à l’avant-garde avec de grandes avancées : régime de réparation du préjudice écologique, principe de solidarité écologique, et création d’une agence française pour la biodiversité (opérationnelle depuis le 1er janvier 2017).

Par ailleurs un nouveau regard sur la biodiversité se développe. Au-delà de la préservation, on commence à voir la faune et la flore comme des éléments positifs pour l’humain, rendant de véritables services et non plus seulement comme une contrainte à gérer. Nathalie Mahon, professeur d’écologie au Muséum d’Histoire Naturelle démontre que la biodiversité végétale urbaine est une richesse encore méconnue, avec près d’un millier d’espèces sauvages végétales dans le seul Paris intramuros. Cette nouvelle perception de la nature en ville génère de belles initiatives comme le permis de végétaliser à Paris.

Autre angle intéressant de la biodiversité, méconnu lui aussi : la biophilie. Si un bâtiment durable intègre dans une certaine mesure la question du bien-être de ses occupants, il ne le fait que par « évitement » des nuisances. La biophilie utilise les éléments naturels pour apporter ce bien-être, grâce à la présence de plantes ou d’eau. Cette approche se développe en Asie et pourrait inspirer des projets à travers le monde.



Construire Bas Carbone, les suites de la COP21

La COP21 a élargi la vision exclusivement énergétique du durable pour beaucoup de professionnels du secteur. Les objectifs de réduction des émissions de carbone ont amené certains à s’interroger : que serait un bâtiment bas carbone ? Le label BBCA est le premier né de cette nouvelle façon d’envisager le bâtiment durable avec déjà 15 bâtiments labellisés en juillet 2016, dont deux sont déjà référencés dans la base de données Construction21.

L’Etat propose de son côté un nouveau label Energie-Carbone, à l’initiative d’Emmanuelle Cosse, Ministre du Logement et de l’Habitat Durable. Lancé sous forme de phase d’expérimentation de bâtiments type BEPOS à faible empreinte carbone, avec 4 niveaux de performance énergétique BEPOS et deux niveaux de performance Carbone. Ce label préfigure la future réglementation. L’attestation du label passera par l’un des cinq organismes certificateurs : Certivéa, Prestaterre, Céquami, Cerqual et Promotelec Services.

En parallèle, on constate de grands progrès dans les matériaux bio-sourcés ces deux dernières années, qui participent également de cet élan bas carbone, de même que les matériaux issus du recyclage et du réemploi.

Un nouvel essor pour la construction bois

Bas carbone rime souvent avec construction bois. Le matériau bio-sourcé par excellence fait son retour notamment grâce à une initiative de l’Etat pour développer une véritable filière française du bois face aux concurrences scandinaves et autrichiennes. Un appel à manifestation d’intérêt a été lancé de juin à septembre 2016 pour la construction « d’Immeubles à Vivre en Bois ». ADIVbois, porteur de Plan Industries Bois a lancé cet AMI avec le ministère du Logement et de l’Habitat Durable et le ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt.

Le développement de la construction bois est bien entendu une bataille menée depuis longtemps par des événements comme le Forum Construction Bois et le CNDB qui souhaite « donner une vraie chance au bois dans le logement ».


Les Green Building Solutions Awards 2016 ont par ailleurs permis de montrer de très belles réalisations en bois en France métropolitaine et dans les DROM

Les climats chauds, nouveau terrain de jeu pour le durable

La construction durable n’est plus -si elle l’a jamais été – la seule préoccupation des pays en zones tempérées. Elle se développe à travers le monde et dans des zones climatiques aux contraintes bien différentes de celles de l’Europe. C’est ainsi que l’on voit se développer des projets durables au Maroc, au Brésil, en Colombie, en Inde et ailleurs. Dans le cadre de la Global Alliance for Buildings and Construction, l’ADEME a développé d’ailleurs une plateforme d’échange d’information sur le bâtiment bioclimatique à faible empreinte carbone en zone tropicale en partenariat avec plusieurs pays et DROM : Thaïlande, Inde, Sri Lanka, Cameroun, Singapour, Mexique, Brésil, Vietnam…

Si les pays en zone tropicale peuvent s’inspirer des techniques des pays tempérés, l’inverse est parfaitement valable également. L’utilisation de la ventilation naturelle est une pratique de plus en plus répandue pour répondre aux problèmes de confort d’été en Europe méditerranéenne mais aussi au nord, en raison du développement des épisodes caniculaires.

Par ailleurs, les bâtiments des climats chauds disposaient d’une catégorie dédiée dans les Green Building Solutions Awards 2016 – voir plus

Quelques études de cas remarquables :

De nouvelles initiatives pour la ville durable

L’ONU a fixé en septembre 2015 plusieurs Objectifs Développement Durable, dont le numéro 11 : « Faire en sorte que les villes et les établissements humains soient ouverts à tous, sûrs, résilients et durables ». A la lumière de cet objectif, le concept de ville durable est une magnifique occasion pour les villes de se réinventer, comme en témoigne l’initiative d’Anne Hidalgo « Réinventer Paris ». En février 2016, la maire de Paris dévoilait les 22 lauréats de cet appel à projets d’un nouveau genre. Les lauréats témoignent d’une créativité rare, alliant le respect de l’environnement et l’innovation sociale pour améliorer la qualité de vie des Parisiens. Cette méthode fait déjà des émules, puisqu’en mars c’était au tour de « Réinventer la Seine » de dévoiler les projets retenus entre Paris, Rouen et le Havre.

La ville durable subit un sérieux coup d’accélérateur de la part de l'Etat. Puisqu’Emmanuelle Cosse annonçait en décembre dernier un objectif de 500 EcoQuartiers labellisés pour 2018. Au-delà de cet objectif très ambitieux, la Ministre souhaite surtout faire évoluer la démarche EcoQuartier, notamment pour répondre aux interrogations sur sa lourdeur et sa complexité, mais aussi pour prendre en compte le défi de la rénovation.

La ville intelligente mais pas que…

Si le modèle de la ville durable évolue, d’autres s’interrogent sur la smart city. La vision d’une ville entièrement connectée, uniquement gérée grâce au BigData commence à faire débat. Elle effraie sous cette apparence déshumanisée, voire robotisée : véhicules autonomes, intelligence artificielle… Et l’humain dans tout ça ? Et le lien social ? Carlos Moreno exprime ces interrogations et donne des réponses intéressantes, des pistes à creuser issues des villes du Sud, pas celles auxquelles on aurait pensé en premier lieu pour la ville intelligente. Par ailleurs, les Nations Unies soulignent l’importance de l’intégration dans ces nouveaux modèles de villes dites intelligentes, notamment pour les personnes handicapées.

D’autres questions émergent sur la smart city : quid de la sécurité des données si tout le monde s’ouvre au BigData (lire plus en anglais) ? Et qu’en sera-t-il du confort, peut-on le mesurer ?

Autant de questions auxquels doivent répondre les urbanistes et les collectivités qui feront la ville de demain : intelligente, durable mais humaine.

 

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