3 questions à Eric Vésine

786 Dernière modification le 06/07/2015 - 14:28
3 questions à Eric Vésine

Tous les mois, un expert de l’ADEME décrypte un enjeu clé pour le climat. Ce mois-ci, Eric Vésine répond à 3 questions sur  «La place des territoires dans la lutte contre le changement climatique»

Question 1 : Quels sont les différents échelons territoriaux de la lutte contre le changement climatique ?

Le changement climatique est une problématique globale mais la lutte contre ce changement climatique nécessite une action et une mobilisation de l’ensemble des acteurs, quels qu’ils soient, à différents échelons territoriaux.

On peut distinguer 5 échelons géographiques principaux qui ont chacun leur importance. Le premier échelon est l’international : il s’agit de l’engagement des pays à agir tous ensemble pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique. La COP21 en est la meilleure illustration puisqu’en fin d’année, à Paris, l’ensemble des pays tenteront de se mettre d’accord sur des objectifs de réductions de GES afin de ne pas dépasser les 2°C de réchauffement d’ici la fin du siècle. Le second échelon est le niveau européen avec l’engagement de l’Europe de respecter des engagements en termes de réduction de la consommation énergétique, de réduction des émissions de GES et de développement des énergies renouvelables. Le troisième est le niveau national avec en ce moment la discussion et le vote de la loi de transition énergétique pour la croissance verte portée par le MEDDE. Cette loi fixera les objectifs et les engagements de la France pour lutter contre le changement climatique. Le quatrième niveau est l’échelle régionale avec notamment les Schémas Régionaux Climat Air Energie (SRCAE) qui ont fixé les grandes orientations stratégiques et objectifs pour chaque région. Enfin le cinquième niveau est le niveau local avec l’élaboration de Plan Climat Energie Territoire (PCET) qui représente la phase opérationnelle des collectivités pour agir. L’ensemble de ces échelons sont liés puisqu’ils visent à décliner de façon opérationnelle les engagements internationaux.

Question 2 : Comment les territoires peuvent-ils contribuer à lutter contre le changement climatique ?

Les territoires ont un rôle primordial dans la lutte contre le changement climatique puisqu’il s’agit de l’échelon le plus opérationnel pour le passage à l’action et la déclinaison des orientations stratégiques nationales et régionales. Comme nous l’avons indiqué juste avant, le PCET (bientôt PCAET puisque l’air sera introduit par la loi de transition énergétique) est une des principales  démarches à travers laquelle le plan d’action est mis en place par la collectivité. On en compte plus de 600 en cours aujourd’hui en France. Il comporte un volet atténuation pour la réduction des émissions de GES et un volet adaptation au changement climatique pour que le territoire et ses acteurs anticipent les effets de ce dernier et s’y adaptent. Le PCET doit être élaboré en plusieurs étapes qui sont le diagnostic « climat » qui est en quelque sorte la photo de départ, l’élaboration de la stratégie énergie-climat basé sur ce constat initial, la mise en œuvre des actions qui en découlent et enfin la phase de suivi-évaluation pour mesurer l’impact de la politique mise en œuvre et la réorienter si nécessaire. Une gouvernance doit être mise en place pour le pilotage de la démarche mais également pour la mobilisation de l’ensemble des acteurs du territoire. C’est important car la collectivité seule ne peut pas agir sur l’ensemble des enjeux. Mais elle doit être le levier de la mobilisation.

Un autre exemple actuel de mobilisation importante des territoires est bien sûr l’appel à projets Territoires à Energie Positive (TEPCV) qu’a lancé le MEDDE en 2014 et qui a mobilisé plus de 500 collectivités en France ! Cela démontre que les collectivités sont prêtes à se mettre en marche !

L’ADEME met à disposition des collectivités des guides méthodologiques (ex PCET, évaluation) et techniques ainsi que des outils de diagnostic (ex Impact’Climat), de pilotage de la démarche (ex Cit’ergie, Climat Pratic) ou de suivi-évaluation (ex Impact’Climat). Le centre de ressources bilans gaz à effet de serre (www.bilans-ges.ademe.fr) ainsi que le centre de ressources PCET (www.pcet-ademe.fr) sont également des lieux précieux d’informations pour les acteurs du territoire.

Le savoir-faire de la France et de l’ADEME en matière de plan climat s’exporte également à travers le monde puisque notre direction de l’internationale accompagne des territoires par exemple au Brésil ou en Afrique. Preuve que le plan climat est une démarche assez exemplaire.

Question 3 : Quelles sont les actions les plus notables mises en œuvre par ces territoires pour relever ce défi ?

On ne peut pas vraiment citer des actions en tant que telle car chaque plan d’actions est adapté à chaque territoire, à son contexte, sa situation de départ ou son lieu géographique. Cependant des secteurs comme le bâtiment, les transports ou encore l’agriculture représentent des enjeux forts sur lesquels agir en priorité pour réduire les émissions de GES. Citons quand même, comme illustration d’action actuelle, les plateformes locales de la rénovation énergétique de l’habitat qui sont un bel exemple de ce que peuvent mettre en œuvre les collectivités pour la rénovation énergétique de l’habitat. Pour réussir, ces actions nécessitent en même temps la mobilisation des particuliers, des professionnels du bâtiment ainsi que du secteur bancaire.

Eric Vésine est chef du Service Animation Territoriale (SAT) depuis juin 2014. Il était auparavant chef adjoint du service climat entre 2011 et 2014.

(C) ADEME / Jacques LE GOFF 

Article publié sur ADEME Presse
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